Roquepertuse, commune de Velaux (Bouches du Rhône)
Le plateau de Roquepertuse sur la commune de Velaux, surplombe la vallée de l'Arc, à faible distance de l'étang de Berre. Le site est connu grâce à une première série de fouilles du XIXe siècle où sont découvertes deux statues de « guerriers accroupis »
et aux travaux d'Henri de Gérin-Ricard qui entre 1917 et 1927, met à jour des restes de statues (dont celle de l'Hermès bicéphale et du vautour) et des structures d'un portique à encoches céphaliformes, qualifié à l'époque de sanctuaire Celto-Ligure. Les recherches récentes précisent que la première occupation véritable remonte au Ve siècle. Cinq phases d'occupation rythment la vie du lieu de la fin du IVe siècle au début du IIe siècle. Le site est détruit par un incendie, au cours d'un siège, durant la seconde moitié du IIIe siècle.
L'édifice, construit vers 300 avant J.-C., se situe à cheval sur les terrasses 1 à 5 et occupe un rectangle de 17,50 m de long pour une largeur moyenne de 3,50 m. Le rez-de-chaussée ne correspond pas à un espace de circulation, puisqu'un intervalle de 1,20 m environ est libre de toute structure entre les piliers et le mur de soutènement arrière. Les espacements entre les piliers ne sont pas réguliers. Le seul linteau reconstitué demeure incomplet. On ignore comment se fait la communication entre les deux étages. Les piliers et les linteaux comportent des cavités destinées à l'exposition de crânes humains, en partie retrouvés en connexion avec les restes architecturaux. L' « Hermès »
[1] a été découvert sur la terrasse n°1 et doit être associé au portique. Il est difficile de connaître la fonction exacte de ce portique. Si l'on admet que les crânes sont ceux de guerriers vaincus, on peut considérer être en présence d'un trophée. En revanche, s'il s'agit de reliques d'ancêtres, le portique peut être vu comme commémoratif de la vie de la communauté ou d'une élite aristocratique.
Les statues (plus d'une dizaine) subissent des dommages au cours du IIIe siècle avant J.-C. Pendant longtemps, les historiens ont cru que les statues de « guerriers accroupis »
dataient du IIe et Ier siècles avant J.-C. Ils étaient marqués par le concept d' « hellénisation »
et l'absence de découvertes de sculptures archaïques et classiques dans les cités grecques de la Méditerranée occidentale. Or, depuis la découverte de la statue de Glauberg dans la Hesse, qui remonte à la fin du VIe siècle ou du Ve siècle avant J.-C, l'étude de la statuaire méridionale a été repensée. L'analyse stylistique, avec la présence de cuirasses à grande dossière, la coiffure à « feuilles de gui », dont serait pourvu l'« Hermès »
, les traces de décor géométrique peint permettent d'avancer le courant du Ve siècle avant J.-C. On s'interroge toujours sur le contexte archéologique dans lequel ces statues ont été mises en place. Faut-il penser qu'elles sont exposées au Ve siècle lorsque le village est peu structuré et sans fortifications ? Ou bien peut-on supposer que ces statues circulent au gré des déplacements des élites ? Leur signification est aussi discutée. Le fait qu'il s'agit uniquement de guerriers donne une connotation politique à ces statues, mais il n'est pas exclu que des attributs religieux leur soient également associés.
Les fouilles récentes ont donc mis en lumière la distinction entre d'une part une surface de 1 300 m2, barré par un rempart dans les années 300 avant J.-C dont la monumentalisation s'est déroulée au cours du IIIe siècle et, d'autre part, le reste de l'agglomération vouée à des habitations sur une surface d'un demi hectare.