La valorisation contemporaine de l'enseignement et de l'éducation des femmes
Au milieu du XXe siècle, les autorités religieuses, chrétiennes comme musulmanes, ne nient pas l'impact positif de l'enseignement et du travail sur la vie de la femme, considérant que cela lui permet d'affirmer sa personnalité, et de soutenir son époux financièrement. Mais, le plus souvent, elles conseillent à la femme d'assumer son rôle de mère de famille plutôt que de femme au travail, pour maintenir une vie conjugale fondée sur la compréhension, l'amour et la solidarité. Dans les décennies qui suivent, du fait des transformations socio-culturelles majeures qui touchent les femmes, le discours de certaines de ces autorités tend vers une vision plus égalitaire, en matière de droits et d'obligations dans le champ civique. Au terme du Concile Vatican II[1] , une lettre spécifique est adressée aux femmes. L’Église reconnaît à la femme un certain pouvoir et une influence, qui ne peuvent s'accomplir qu'à travers un enseignement poussé. Une génération plus tard, le Pape Jean-Paul II rend hommage à la femme dans toutes ses fonctions. Tout comme l'homme, la femme demeure ainsi responsable du « noyau de la société », de sa famille à laquelle elle doit assurer éducation et vivres. L'enseignement et le travail des femmes n'est plus condamnable aux yeux de l'Eglise catholique tant que la destinée finale est la famille, « signe fondamental de la communauté humaine ».
Sur ce point, cette conception rejoint partiellement celle portée par l'UNESCO[2] , pour qui une femme instruite éduque mieux la génération à venir et une femme qui travaille aide son conjoint à mieux répondre aux besoins financiers de la famille tout en stimulant le cycle économique et réduisant la pauvreté dans le monde. Consciente de l'importance de ce droit, surtout dans les pays arabes, l'UNESCO a mis en place en 2002, un réseau pour promouvoir l'égalité entre les sexes dans le domaine de l'éducation en Asie (GENIA : Gender Education Network in Asia), des programmes pour éliminer la pauvreté afin d'assurer un enseignement équitable et de qualité et des programmes d'alphabétisation qui garantissent des résultats durables. Cette même organisation a défini un Indice de parité des sexes en matière d'alphabétisation (Gender Parity Index (GPI)), pour comparer le niveau d'alphabétisation : cet indice indique la proportion de filles par rapport à la proportion de garçons dans l'enseignement primaire, secondaire et supérieur.
Une étude a été menée en mai 2012. Sept Etats (Egypte, Iraq, Iran, Maroc, Mauritanie, Soudan, Yémen) ont été retenus dans le cadre de ce chapitre. Les graphiques peuvent être interprétés de la manière suivante : l'Iran et l'Iraq comptent parmi les pays qui ont achevé l'égalité des sexes en matière d'alphabétisation aussi bien chez les adultes que chez les jeunes ; dans les autres pays, il y a une nette évolution vers la parité, surtout après 1977, c'est-à-dire bien après le terme de la colonisation française et britannique. L'éducation de la femme dans le monde arabe est donc relativement récente. Les premières écoles modernes pour les filles ont ouvert leurs portes en Egypte en 1829, dans ce qui est devenu le Liban en 1835 et dans ce qui est devenu l'Iraq en 1898. Le premier lycée pour filles a été fondé au Caire en 1925. Les reines ou femmes de chefs d'Etat ont joué et continuent à jouer un rôle non négligeable dans ce domaine.