Lectures et relectures des textes religieux
Le statut des textes n'est pas le même dans la religion chrétienne et dans la religion musulmane. Selon les chrétiens, Dieu se fait « homme » en Jésus-Christ. Selon les musulmans, Dieu se fait « parole » dans le Coran. L'intérêt de cette partie réside dans le fait de montrer que les lecteurs et lectrices ont pu, de tout temps, trouver des références servant à justifier des positions contradictoires. Des chercheurs ont soulevé l'hypothèse de religions comme promotrices de l'asservissement des femmes. Les sources sont plus complexes. Le contexte socioculturel, patriarcal, où les femmes sont considérées comme des mineurs sans droits, ou avec peu de droits, des personnes à charge, parfois des propriétés de leurs pères ou de leurs époux, doit être pris en compte pour approcher ces écrits.
Exemples dans le texte biblique
Dans le Livre de la Genèse, la femme est accusée d'être la cause de la première désobéissance et du premier péché sur Terre. Dans une de ses épîtres au Corinthiens, l'apôtre Paul[1] s'oppose à la participation de la femme dans les assemblées. L'image de la femme est donc celle d'un personnage marginalisé, affaibli, et sans identité ; elle n'existe que par rapport à l'homme. Mais, dans les Actes des Apôtres (18 : 24-28), figure un couple présenté comme exemplaire : Priscille et Aquilas sont Juifs convertis. Artisans de métier, ils fabriquent des tentes. Ils doivent fuir leur ville lorsque l'empereur romain ordonnent l'expulsion des Juifs, et trouvent refuge à Corinthe, où ils font la connaissance de Paul de Tarse. Ils se convertissent et Priscille devient enseignante.
Cet exemple peut être associé à la conception qui est présentée dans l'Evangile attribué à Matthieu[2] , rapportant qu'hommes et femmes font un seul et même corps. Suivant ce récit, Jésus-Christ les place donc à pied d'égalité, ce qui devient ultérieurement, une référence dans le sacrement chrétien du mariage, où les deux constituent un seul et même corps à jamais. Dans un autre contexte, l'attitude de Jésus envers les femmes apparaît si inhabituelle que les disciples lui demandent comment il peut adresser sa parole à une femme, ou comment il peut se laisser toucher par une pécheresse et lui dire que sa foi la sauve. Les récits qui le présentent montre que, dans ce domaine, il leur confère égalité et dignité. Il les appelle par leur nom.
Exemples dans le texte coranique
L'enseignement coranique concernant les femmes est dispersé dans plusieurs sourates : le livre des Femmes, La Génisse سورة البقرة, La Lumière النور, Le divorce الطلاق. Parmi les principes posés, celui de la domination des hommes en matière de répudiation ; la vocation des femmes au mariage, à la procréation et à la satisfaction des désirs des hommes. Cependant, le Coran adoucit parfois les règles en vigueur. Il restreint à titre d'exemple la polygamie.
Mais, ceux qui justifient un rapport inégalitaire entre hommes et femmes, et une éducation restreinte pour ces dernières, en s'appuyant sur ces références se voient opposer d'autres versets du Coran selon lesquels il n'y a ni distinction ni préférence de l'homme par rapport à la femme. La valeur de tout être humain qu'il soit mâle ou femelle, noir ou blanc, riche ou pauvre, est déterminée par ses bonnes actions pour la société et par son adoration sincère de Dieu. A cela s'ajoutent des « dits » attribués à Muhammad selon qui : « Savoir est obligatoire pour chaque musulman : homme ou femme » ;« Cherchez le savoir du berceau jusqu'au tombeau ».