Conclusion
L'édition de la traduction de la Bible par des missionnaires protestants à Beyrouth a marqué l'histoire de la culture arabe aussi bien au niveau de la technique de l'impression que du style. Elle a impliqué des maronites, des melkites, des catholiques latins et même des musulmans. Ce travail a participé d'un vaste mouvement de réveil intellectuel et spécifiquement linguistique. La langue arabe écrite de la fin du XIXe siècle est déjà distincte, par certains points, de celle qui existait au début du XIXe siècle, transmise sous forme manuscrite pendant un millénaire. Le processus de transformation touche le lexique, les références conceptuelles tout autant que les tournures grammaticales. Ce mouvement s'accélère au cours du siècle suivant et les élites culturelles tentent vainement de le contrôler comme le montrent, par exemple, les efforts divergents des Académies de langue arabe à partir des années 1920. Cela n'empêche pas la conscience d'une identité commune et la diffusion de plus en plus massive d'œuvres en langue arabe. De manière plus ponctuelle, la traduction arabe de la Bible a directement influencé Gibran Khalil Gibran[1] dont l'œuvre littéraire a, par la suite, visé à définir une conception personnelle de l'unité des religions par-delà leur diversité : « Chaque graine que l'automne jette à la surface de la Terre a sa propre manière de séparer sa coque de son noyau. Mais quelque différents que soient les moyens, l'objectif des graines est le même, c'est de s'élever face au soleil »
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