Eaux et lieux de culte
Pour Neptune, il s'agit de monuments aquatiques ou de sanctuaires: A Thugga[1], fut découvert un petit temple dont le fronton comporte une inscription qualifiant le dieu de « maître des eaux et père des Néréides[2] »
. A Aïn Drinn, une source est captée depuis l'Antiquité et plusieurs inscriptions trouvées attestent l'existence d'un temple consacré au dieu Neptune. Dans la région de la dorsale tunisienne un temple a été identifié grâce à une sculpture représentant Neptune. D'autres temples lui sont consacrés à Calama, Carthage, Zama et Timgad, et dans la plupart des cas, il s'agit de complexes monumentaux auxquels s'intègrent les bâtiments consacrés au dieu. A ces temples et à ces statues, sont associées des stèles et des mosaïques qui personnifient le dieu avec ses attributs habituels à savoir le trident et le dauphin.
Les nymphées[3] consacrés aux divinités des eaux sont, le plus souvent, bâtis sur une source. Ils peuvent être en même temps monument d'utilité publique et lieu de culte. A Aïn Mouss près de Sétif et aussi à Byzacène, on a découvert dédicaces et monuments construits en l'honneur des Nymphes et des sources. A cette catégorie appartiennent le temple-fontaine dédié à Neptune à Lambèse, le nymphée de Khamissa (Numidie), le nymphée de Pheradi Maius (Tunisie) et le temple de l'Aquae Septimiana[4] de Timgad. Grâce aux eaux salutifères de la piscine qui occupe une vaste cour, le temple est devenu un lieu de pèlerinage. Enfin il y a le nymphée-sanctuaire de Zaghouan, qui est construit sur la plus importante des sources qui alimentent l'aqueduc de Carthage.
Ces nymphées-sanctuaires sont consacrés à des divinités gréco-romaines des eaux qui ont pris la place des vieux cultes berbères des eaux. Il est vraisemblable que, dans d'humbles sanctuaires ruraux, aujourd'hui disparus, le culte a gardé sa forme primitive sous l'empire. Mais peu de renseignements permettent de savoir quel type de cérémonies cultuelles se déroulent à l'intérieur de ces monuments élevés autour des eaux. Les statues des nymphes trouvées dans le nymphée de Lambèse, la statue de Neptune au temple de Pheradi Maius et son bas-relief découvert à Mactar restent des témoignages relativement minces. Contrairement aux nymphées-sanctuaires d'Afrique, ceux de la péninsule ibérique livre davantage d'informations. En effet, certaines images cultuelles représentent des scènes de libation et d'encensement ainsi que la personnification des eaux sous les traits de jeunes filles à demi-nues qui habitent des lieux humides.
L'Afrique à l'époque romaine honore les mêmes dieux que le reste de l'empire. Le plus honoré est Neptune. Suivent les Nymphes, les génies des eaux, les fleuves et les puits. Parfois cependant, les cultes anciens ont subsisté tel quel, comme en témoignent les dédicaces au dragon. Un fait s'impose : c'est l'importance accordée aux formes hybrides de culte faisant intervenir la superstition et les pratiques prophylactiques. Les légendes relatives aux démons qui hantent les sources, les fleuves et les puits, n'ont jamais d'exister et beaucoup de ce qui est croyance indigène s'est conservé jusqu'à nos jours malgré le christianisme et l'islam. La thématique de l'eau se trouve ainsi au carrefour des problématiques du sacré, du merveilleux, du surnaturel et des représentations des acteurs sociaux. L'eau a toujours reflété trois dimensions : le sacré, le social et l'économique.