Hommes et femmes dans les textes bibliques
Les conditions de la naissance de la première femme biblique, mère de l'humanité, Ève, sont sujettes à de nombreuses interprétations théologiques et exégétiques, tant chez les juifs que chez les chrétiens. La traduction du terme hébreu אַחַת מִצַּלְעֹתָיו en côte ou côté soulève le débat. La question est de savoir si Ève serait sortie du côté d'Adam endormi ou de sa côte. Dans le premier cas, se poserait le problème du caractère androgyne des deux créatures originelles [Doc. n°1 : La création de l'homme et de la femme selon le Livre de la Genèse] que certains lisent dans le verset 1, 27 du Livre de la Genèse.
Les rédacteurs de l'Ancien Testament reflètent des éléments de la condition des femmes dans l'Antiquité. Elles y sont socialement mineures et assujetties économiquement aux hommes. Cependant, les exégèses récentes du récit de la Genèse montrent qu'une interprétation qui enferme la femme en figure de pécheresse parce que descendante d'Eve est réductrice. Les textes bibliques, très allégoriques, peuvent donner lieu à différentes interprétations. Par ailleurs, l'Ancien Testament regorge de figures féminines positives et agissantes.
Les rédacteurs des Évangiles donnent une place prépondérante aux femmes en la personne de Marie, mère de Jésus et de ce fait mère de l'Église. Jésus est entouré de nombreuses femmes et ce sont elles qui assistent les premières à la résurrection. Elles participent à l'évangélisation et prophétisent. Leur rôle ne se superpose toutefois pas à celui des hommes : elles ne sont pas apôtres. Par ailleurs, le Christ dénonce à plusieurs reprises la condition des femmes, lapidées par des hommes qui commettent le péché impunément. Il accueille les prostituées au même titre que les justes.
Dans certaines des lettres attribuées à Paul de Tarse[1] et qui sont intégrées dans le Nouveau Testament, on trouve une interprétation nettement androcentrique du message chrétien . Plus exactement, dans l'ordre social (les fonctions, les rôles, les responsabilités) les femmes sont subordonnées aux hommes ; dans l'ordre spirituel, elles leur sont équivalentes. Une autre épître attribuée à Paul codifie le rôle des femmes dans la prêtrise pour les en exclure.
Ces codifications expliquent pourquoi, dans l'histoire du christianisme, les femmes ont pu déployer une vie spirituelle très développée et reconnue. Les moniales sont les seules à pouvoir jouer un rôle public. C'est pour elles une voie d'émancipation, voire même de promotion sociale. Durant des siècles, les missions représentent une manière autorisée de voyager, d'acquérir des compétences professionnelles (dans la médecine notamment) et d'exercer des postes à responsabilités.