L'Église et les femmes dans l'histoire
Pour le magistère de l'Église catholique[1] , la hiérarchie entre les sexes résulte de la volonté divine. Durant deux millénaires, il prêche que les femmes sont beaucoup plus relatives aux hommes que les hommes ne sont relatifs aux femmes. Les femmes sont exclues du presbytérat et de l'épiscopat, seul le diaconat leur est ouvert. Au fil des siècles, les théologiens valident pour la plupart cette thèse, bien qu'au IVe siècle les Constitutions apostoliques[2] III 6, 1-2, SC 329, 132 reconnaissent que « le Seigneur ne nous a rien prescrit ni transmis » sur cette question.
Les théologiens et évêques sont parfois embarrassés par la place de Marie dans la dévotion. Lors du concile d'Ephèse de 433 portant sur les deux natures (humaine et divine) du Christ, unies sans confusion, selon les pères conciliaires, la nature divine ou humaine de Marie est discutée. Le concile a pour objectif de réconcilier l'Église à la suite de la polémique autour du titre « Theotokos » « mère de Dieu » donné par la ferveur populaire à Marie. Le patriarche de Constantinople Nestorius propose d'utiliser plutôt « Christotokos » « mère du Christ » qui lui semble davantage en concordance avec les Écritures. Pour lui, Marie est seulement la mère de l'homme Jésus. Les pères conciliaires décident, dans leur majorité, d'autoriser l'utilisation de la formule Theotokos, provoquant un schisme avec ce qui devient l'Eglise nestorienne.
Quoi qu'il en soit de l'intensité des dévotions mariales, qui varient avec le temps et sont plus ou moins encouragées par les clercs, deux familles d'arguments sont récurrentes pour affirmer l'infériorité des femmes et l'impossibilité pour elles d'exercer des fonctions cléricales :
1. La tradition et les convenances. La tradition en réfère au contenu des Écritures : Marie, la plus sainte des femmes, n'a pas été prêtre. L'argument est repris par le pape Jean-Paul II[3] dans l'Encyclique Sacerdotalis Ordinatio (1994).
2. La sujétion de la femme par nature. Comme l'explique Thomas d'Aquin[4] , il n'y a pas de « qualité éminente » chez les femmes, contrairement aux hommes, mêmes esclaves.
Notons que l'idée selon laquelle les femmes ne peuvent sortir de leur condition en raison de leur essence biologique est également énoncée par la société civile pour les exclure de toute fonction dans la sphère publique. De là se pose une question largement débattue par les historiens : le clergé catholique est-il un acteur de normalité de la société et, dans le cas qui nous occupe, une autorité morale qui impose à la société la soumission des femmes ? Ou l'Église est elle un reflet, une émanation du monde social ?
Il est en tout cas certain qu'à certaines périodes de l'histoire, l'Église et l'État peuvent s'accorder pour figer la condition subalterne des femmes. Au XIXe siècle, dans tous les pays touchés par les conquêtes napoléoniennes, le Code civil fait des femmes des mineures dans le système législatif et économique et au sein de la famille. En 1880, le pape Léon XIII[5] va dans le même sens dans l'encyclique[6] Arcanum Divinae sur le mariage chrétien