Introduction
Dans l'encyclopédie catholique Théo, le ou la mystique est « la personne qui donne une grande place dans sa vie au mystère de Dieu et qui cherche de toutes ses forces à vivre en communion avec Lui. » Dans des cas assez rares, cette union se manifeste par des phénomènes extraordinaires : visions, prophéties, extases, lévitations, bilocations, stigmates... Le plus souvent, on parle de mystique pour décrire une expérience personnelle de présence de Dieu. Le mystique perçoit la présence divine de façon très réelle et en témoigne. Tout au long de l'histoire du catholicisme, l'écriture a une grande place dans le cheminement des mystiques. Premièrement, elle est un témoignage de leur foi qu'ils souhaitent transmettre aux autres croyants. Deuxièmement, elle les accompagne dans leur tentative de communication avec Dieu et/ou avec le Christ, auxquels ils s'adressent d'ailleurs dans leurs textes.
Au XXe siècle, quelques femmes ont particulièrement marqué l'histoire de la littérature mystique catholique : Simone Weil[1], Adrienne von Speyr[2], Edith Stein[3], Etty Hillesum[4] et Marie Noël, de son vrai nom Marie Rouget, dont on commémore cette année les 50 ans de la mort. La dimension spirituelle de son œuvre comme l'exemplarité de sa vie ont poussé, le 30 mars 2017, l'Assemblée plénière de la Conférence épiscopale[5] française à demanderau dicastère romain compétent (la Congrégation pour la Cause des saints[6]) de lui permettre d'organiser l'enquête nécessaire pour l'introduction de sa cause en vue de sa béatification[7].La trajectoire littérairo-spirituelle de Marie Noël donne un éclairage intéressant sur la manière dont une femme catholique non religieuse a investi un genre que ses contemporains ont qualifié de mystique au XXe siècle.