Les étapes spirituelles
Les religions étudiées ici accordent souvent, à l'exception du judaïsme, une place notable à la description des étapes spirituelles conduisant à la rencontre ou à l'union avec l'absolu.
Dans l'hindouisme et en particulier dans le yoga, le cheminement passe tout d'abord par une ascèse préparatoire comprenant à la fois une préparation physique, intellectuelle et morale. Le yogi doit effectuer un travail sur les postures et sur la maîtrise du souffle associé à une hygiène stricte, étudier les textes et entretenir ses vertus morales comme la non-violence ou la compassion (ahimsâ). Trois étapes constituent un préalable à l'entrée dans le samadhi qui constitue l'expérience mystique à proprement parler. Il s'agit de la fixation de l'activité mentale (dhârana), du recueillement de l'âme (dhyâna) menant à la connaissance (svarûpa) et à la concentration parfaite. L'âme alors en suspens s'ek-stasie en ishvara ou monade suprême avant de s'en-stasier, expérimentant l'unité et la libération suprême et primordiale (kaivalya) que masquait le monde phénoménal.
Les descriptions sont tout aussi fournies dans les mystiques chrétienne et musulmane. À l'image de Grégoire de Naziance[1], les passages par les ténèbres puis de lumières en lumières sont fréquents dans le christianisme. Thérèse d'Avila et ses châteaux de l'âme en constituent un archétype emblématique. La mystique comme émancipation religieuse de Ghislain Waterlot offre également à travers les extraits d'œuvres de Madame Guyon quelques exemples éloquents. Dans l'islam les étapes sont également nombreuses et prononcées comme le montre cette fois le soufisme dans le monde musulman de Mohamed El Mazouni.
Sur ce cheminement mystique, la plupart des croyants affirment passer par des états extraordinaires, suscitant extases lévitations, visions, etc. Cependant dans toutes les religions décrivant ces phénomènes – assimilés dans le christianisme à des charismes offerts par Dieu, dénommés siddhi dans le yoga – ceux-ci ne doivent pas être une fin en soi. Il ne faut au contraire pas s'y attacher ; ce sont des biens spirituels susceptibles de détourner le croyant de son chemin vers Dieu ou l'ultime délivrance.