Des conflits entre chrétiens et musulmans
A partir de la péninsule arabique, les premières troupes musulmanes entreprennent une série de conquêtes qui les conduisent à affronter les empires byzantin (chrétien) et sassanide (zoroastrien) et à s'étendre au-delà.
Au nord, Jérusalem est assiégée en 636-637, à l'ouest, la conquête est plus difficile au-delà du delta du Nil. Tanger est prise en 711 et, quatre ans plus tard, les soldats musulmans franchissent les Pyrénées par l'Ouest après avoir établi leur autorité sur la plus grande partie de la péninsule ibérique. En 846, une partie de la ville de Rome est mise à sac par des musulmans venus de Sicile, qui sont ensuite repoussés. A partir de 890, d'autres troupes musulmanes établissent des camps fortifiés dans le sud de la Provence d'où elles conduisent des raids et des pillages. Elles sont chassées de cette région, en 973, par des nobles provençaux, viennois et niçois.
Un siècle plus tard, alors qu'un schisme a divisé les Chrétientés latine et grecque en 1054, le rapport des forces militaires est partiellement renversé autour du bassin méditerranéen. En 1063, le pape Alexandre II[1] lance un appel aux chevaliers chrétiens pour aller se battre contre les musulmans de la péninsule ibérique. En 1071, les musulmans turcs remportent une victoire contre les chrétiens byzantins à Malazgerd (1071). En 1095, le pape Urbain II[2] s'adresse aux évêques pour les enjoindre de porter secours aux chrétiens orientaux victimes de sévices à Jérusalem.
Les conquêtes menées par des troupes chrétiennes latines, au cours de deux siècles (1095-1291), reçoivent postérieurement le nom de « croisades ». Le Royaume de Jérusalem et le Comté de Tripoli sont les principales fondations latines à l'Est de la Méditerranée, mais elles ont disparu à la fin du XIIIe siècle. Dans la péninsule ibérique, à l'inverse, le seul royaume musulman qui subsiste à cette époque est celui de Grenade.
Au cours de ces périodes d'affrontements entre chrétiens et musulmans, les motivations religieuses sont combinées aux causes économiques et politiques. Dans les deux camps, l'ennemi est désigné sous le nomd'« infidèle » ou de « mécréant » et des justifications sont données pour le vaincre au nom de la foi. Cela n'empêche pas des alliances islamo-chrétiennes contre des souverains musulmans ou chrétiens, ni des conflits intra-religieux comme le montrent les campagnes menées par Saladin[3] contre ses coreligionnaires. Les massacres, dont celui de la prise de Jérusalem en 1099, sont nombreux. Mais les autorités religieuses, militaires et politiques tentent également d'établir et de suivre des règles de guerre, de trêve et de paix.