Introduction
La vie religieuse ou ce qu'on appelle communément et scientifiquement le monachisme, du grec monakos, appartient à l'essence de la vie chrétienne. Elle trouve sa source dans la vie de Jésus et dans l’Évangile. Ce phénomène apparaît simultanément en Égypte, en Syrie, en Mésopotamie et en Asie Mineure au IVe siècle et ne cesse de prendre de l'ampleur progressivement jusqu'au VIIe siècle. Il se caractérise par la diversité de ses formes, et connaît plusieurs modes de vie. Les plus importants sont l'érémitisme ou la vie en solitaire, et le cénobitisme, c'est-à-dire la vie en commun. Progressivement la vie communautaire l'emporte, sans faire complètement disparaître l'érémitisme. Cette vie cénobitique se développe à l'intérieur des monastères et couvents et suit une règle ou une constitution particulière qui explique la mission de chaque ordre ou de chaque monastère, l'ordre étant un regroupement des monastères sous une même règle appelée aussi constitution.
A partir de ses foyers orientaux de la Méditerranée, la tradition monastique se répand au nord et à l'ouest. Elle se ramifie également en plusieurs types et variantes, dont la voie bénédictine reste la plus connue. Cette tradition monastique n'a cessé de se perpétuer. Elle a contribué à revitaliser le christianisme. Dans la partie orientale, les monastères ont été et restent des foyers culturels. Ils abritent des bibliothèques et des ateliers de transcription des manuscrits. Ils conservent et diffusent la science et le savoir. Il suffit d'évoquer ici le mouvement de traduction des sciences et de la philosophie grecque accompli par les Syriaques entre le VIIe et le IXe siècle au profit des Arabes musulmans avant de toucher la Chrétienté latine. Les moines ont aussi aidé à l'amélioration des techniques agricoles pour faciliter le défrichement et l'irrigation. Ces améliorations ont permis d'augmenter les espaces cultivés et, par conséquent, la production. Ainsi, les moines ont contribué à développer la vie rurale et encouragé la construction des villages dans les environs des monastères. Ils ont également assuré plusieurs types d'échanges entre la campagne et la ville.
Le Liban abrite un ensemble de courants monastiques masculins et féminins, qui continuent à prospérer depuis l'Antiquité. La première imprimerie en Orient a été installée à Saint Antoine de Kozhayya. Ce monastère de la Qadisha (c'est-à-dire la « vallée sainte », qui se situe dans le nord du pays) est devenu siège épiscopal au Moyen-Âge, et a accueilli la première imprimerie dans l'Empire ottoman en 1610. L'évêque Germain Farhat[2] (1670-1732) de l'Ordre Libanais Maronite est un précurseur de la Nahda ce mouvement de « Renaissance » des lettres arabes qui se déploie au XIXe siècle.