L'essor et l'internationalisation de la congrégation de la Sainte Famille
Très vite la Congrégation connaît un essor étonnant. Des jeunes filles recrutées dans des milieux modestes se forment et se consacrent aux différents services sociaux. Elles deviennent des institutrices, des infirmières et des catéchistes dans les villages et paroisses. Au début du XXe siècle, la Congrégation compte 100 religieuses et 17 institutions éducatives et sociales. Leur sort est lié à l'histoire du Mont-Liban puis du Liban. Elles partagent avec la population les heures de bonheur et de malheur. Les sœurs se distinguent par leur rôle durant la Première Guerre mondiale. Elles sauvent beaucoup de gens de la famine qui fauche plus de la moitié des populations montagnardes.
De la maison [1]mère, située à Ibrine, dans le district du Batroun, la congrégation se développe et essaime dans tout le Liban, depuis l'extrême nord sur les frontières avec la Syrie jusqu'à l'extrême sud sur les frontières avec la « Terre Sainte ».
Le premier établissement, en 1895, est l'école Saint-Joseph de Byblos, construite selon une architecture typique du XIXe siècle. Progressivement, les nouvelles générations de sœurs quittent leur foyer d'origine au Liban pour s'installer en Syrie. Elles y fondent sept établissements, répartis entre écoles primaires et secondaires, ainsi que des hospices pour malades et vieillards, notamment dans la région de Lattaquié. Les écoles, ouvertes dans les années 1930, sont nationalisées et annexées par le gouvernement syrien et le régime Baath en 1967. Les sœurs de la Sainte Famille n'abandonnent pas la Syrie malgré les mesures d'interdiction qui touchent le secteur de l'enseignement privé. A la place, elles créent des centres hospitaliers et pastoraux qui ont maintenu leur activité, même dans le contexte de guerre civile qui a suivi les manifestations de 2011.
Au Liban, elles sont durement éprouvées par les guerres qui frappent le pays à partir de 1975. La congrégation de la Sainte Famille est touchée dans ses personnes et ses institutions, mais elle reconstruit rapidement ce qui a été détruit. Ses responsables prennent également la décision de suivre les Libanais qui font le choix de l'émigration. Elles s'installent ainsi en Australie où elles établissent des fondations. Au début du XXIe siècle, quatre communautés dirigent deux écoles (cycles primaire et secondaire), deux hospices et une maison pour les soins des enfants handicapés.