La diffusion de la miniature durant les deux premiers siècles abbassides
Le califat abbasside est, pour sa première phase, qualifié d'âge d'or dans nombre de récits postérieurs. Les califes montrent un intérêt particulier pour les arts des régions sous leur dominance. L'image et la représentation picturale figurée y sont très cultivées. A partir du XIIe siècle apparaît une peinture illustrative, à forte influence sassanide : la miniature. Ceux qui la réalisent viennent de Perse, appelés par les califes qui entendent valoriser cette pratique très ancienne. Elle se développe grâce à l'existence de nombreux manuscrits. Il s'agit des traductions vers l'arabe de contes hindous, d'écrits grecques, de textes scientifiques, techniques et littéraires variés. La miniature, inestimable source d'informations et miroir sur une époque, remplit plusieurs fonctions, esthétique et didactique. Elle est un moyen décoratif et un précieux outil illustratif pour agrémenter le texte. Elle facilite la compréhension de ces documents, amplifie ainsi le plaisir de lire et accroît l'influence des enseignements moraux contenus dans les livres de littérature. Son rôle n'est pas seulement esthétique et didactique.
La miniature s'impose largement, au point de donner naissance à de grands noms de peintres comme Yahya ibn Mahmud Al-Wâsitî[1] qui agrémente d'images un chef-d'œuvre de la littérature arabe : la Maqamat d'Al-Hariri . Le trait syro-byzantin est très présent dans la miniature de Al-Wâsitî. En effet certaines images sont la réplique de personnages bibliques des manuscrits chrétiens. Le décor général de la composition reste assez clair et simple avec des figures proportionnellement grandes. Parmi d'autres manuscrits de l'époque figure le livre d'Abdallah Ibn al-Muqaffa[2] Kalila Wa Dimna, traduction d'un recueil de contes en sanscrit. Le texte du livre est accompagné de miniatures représentant des animaux, principaux personnages, et des paysages dans un cadre qui mélange des traits naturalistes et naïfs.
En plus de la technique, qui varie selon les régions et les styles, la miniature livre un vaste éventail de sujets. Les thèmes les plus traités restent la vie du prophète de l'islam, les épopées de peuples, les scènes de la vie palatiale, les contes, etc. Comme au temps des omeyyades, des fragments de fresques et autres objets découverts à Samarra , témoignent du fait que les Abbassides tolèrent aussi la présence de représentations figurées dans les peintures murales et autres ustensiles au sein de leurs résidences palatiales. Ces peintures reprennent les thèmes hellénistiques et byzantins classiques, à savoir les animaux sauvages, les femmes nues et les scènes de chasse.