Mohammed Arkoun : pour une meilleure prise en compte des données économiques et politiques
Pour Arkoun, il est impératif de contempler ce patrimoine en ayant devant les yeux toutes ses manifestations historiques et sociales et non pas seulement une sélection. C'est de cette manière qu'il sera possible de prendre en compte tous les musulmans dans le monde, quelles que soient leurs références linguistiques, culturelles et historiques. Il faut voir leur héritage à travers ses trois grands piliers, à savoir le Coran, le Hadith[1] et la sharia qui constitue la manière dont les juristes ont, au fil du temps, essayé de mettre en application les « commandements de Dieu ». Chacun de ces éléments doit être intégré aux données historiques, sociologiques et anthropologiques dans lequel ils ont baigné, ce qui signifie de prendre en compte les données religieuses, mais en les mettant en relation avec les données politiques ou économiques. Le défi que constitue cette démarche est considérable, reconnaît Arkoun, car la « religion » a toujours été considérée comme un objet à part. Arkoun soutient que l'historien devrait étudier l'histoire des temps passés comme s'il était anthropologue ou archéologue explorant ainsi ses profondeurs pour la comprendre comme s'il la vivait réellement. Il devrait aussi se positionner par rapport à cette histoire passée et l'actualiser grâce à ces nouvelles méthodes, et non l'enseigner comme des époques passées, mortes et finies.