Conclusion
El Jabiri, Arkoun et Abou Zaid ont, chacun à leur manière et avec des outils spécifiques, proposé une ou des méthodes d'analyse du « patrimoine arabo-musulman » et du « Coran » visant à dépasser le modèle dominant de la pensée dans les sociétés du monde arabe contemporain. Ils ont choisi de sonder, de diagnostiquer et de critiquer des obstacles dressés devant tout effort de relance de l'ijtihâd et de créativité dans la pensée arabe contemporaine. Tous les trois ont puisé dans les méthodes et les résultats des sciences humaines et sociales initialement élaborées en Europe et en Amérique du Nord afin de rendre compte de la complexité des phénomènes passés. Ils ne s'en sont pas contentés et leurs travaux présentent certaines divergences. El Jabiri a mis davantage l'accent sur l'apport de la discipline historique sans pour autant appeler à une élimination de toutes les « notes » en marge du texte coranique. Arkoun s'est particulièrement intéressé aux ressorts anthropologiques de la « pensée islamique ». Abou Zayd a puisé dans les ressources de la linguistique et de la sémiotique, approche qui existait également chez Arkoun. Il est à noter que Nasr Hamid Abou Zayd a considéré que les deux autres ont parfois fait certaines concessions au modèle dominant. Les trois chercheurs se sont rejoints dans leur critique des lectures précédentes du « patrimoine arabo-musulman », que celles-ci soient « salafistes », « orientalistes » ou « islamistes ». Ils ont notamment voulu prouver qu'il était possible de fournir une autre lecture scientifique du Coran.