Introduction
La situation religieuse est différente de part et d'autre de la Manche, opposant un pays majoritairement protestant d'un côté, avec un souverain qui est également le chef de l'Eglise anglicane, et un pays majoritairement catholique de l'autre, où les principaux responsables religieux soutiennent l'Empire tant que celui-ci défend le rôle social de l'Eglise catholique et la papauté dans la péninsule italienne. Au Royaume Uni, la récente ouverture des Universités d'Oxford et de Cambridge aux non anglicans, la conversion d'élites anglicanes au catholicisme et le développement d'Eglises dites dissidentes favorisent la pluralité des politiques théologiques et des stratégies apologétiques. En France, la pratique religieuse n'a jamais été aussi élevée qu'à la fin des années 1850, mais l'Eglise catholique perçoit une menace dans la diffusion d'idées nouvelles et ses responsables soutiennent la publication par le pape Pie IX[1], en 1864, du Syllabus, catalogue d'erreurs du monde moderne. Six ans plus tard, le dogme de l' « infaillibilité pontificale » en matière de foi et de mœurs est proclamé au cours du concile du Vatican, il renforce l'autorité du pape sur toutes les questions de doctrine. La proclamation de la IIIe République, l'anticléricalisme qui marque la constitution de l'éphémère Commune de Paris et l'échec de la tentative de restauration monarchique changent la donne politique pour l'Eglise catholique en France.