Le phénix égyptien
D'autres hypothèses renvoient à une origine égyptienne, suggérant que le nom de l'oiseau bnu, prononcé boin, aurait été adapté au mot grec « phoinix »
. Chez les Egyptiens, la légende du phénix est liée au culte du soleil. Dans cette conception, antérieure au XXVe siècle avant J.-C., le Phénix est un volatile migrateur appelé benou/bnu identifié à l'image du soleil naissant au petit matin et dont les apparitions cycliques sont traduites par des vertus régénératrices. Cette version du mythe est essentiellement développée à Héliopolis[1], métropole où le dieu Rê[2] est considéré comme moteur créateur de l'univers. La première référence disponible sur l'oiseau benou provient de l'époque de l'Ancien Empire[3], elle est inscrite sur les murs de la chambre funéraire de la pyramide d'Unas[4]. Appelées les Textes des Pyramides, ces inscriptions sculptées sont une collection de formules magiques et de directives qui donnent aux rois décédés toute l'information dont il a besoin après sa mort, tout en lui assurant l'éternité et le triomphe sur la mort. Elles sont à la base de la connaissance des fondements de la pensée religieuse en Egypte.
A Héliopolis encore, l'oiseau benou est représenté posé sur le sommet du Ben-Ben[5] qui constitue le centre du grand temple solaire. Cette pierre inspire sans doute la forme des obélisques qui garnissent par paire l'entrée des temples, et dont le pyramidion est souvent orné d'or, d'argent, ou d'électrum –un mélange naturel d'argent et d'or-, afin de refléter les premiers rayons du soleil. Les pierres d'ancrage du sommet des pyramides sont décrites comme des pyramidions et sont vénérées comme l'habitation physique du dieu Soleil. Mort et enterré à l'intérieur de la pyramide, le roi apparaît sous la protection directe du dieu lui-même selon la croyance de ses sujets. Ce pyramidion, utilisé comme la pierre d'ancrage du sommet des obélisques et des pyramides, devient l'amulette la plus sacrée des Égyptiens. Associé à la représentation du dieu-soleil, le Phénix devient un symbole de renaissance ou résurrection.