Introduction
Dès la fin du VIe siècle av. J.-C., le dieu grec Apollon est honoré dans les sanctuaires étrusques emporiques[1] à quelques dizaines de kilomètres au nord de Rome, et il semble probable qu'à l'époque des rois étrusques la Ville ait connaissance d'un dieu que les Etrusques en pays tyrrhénien assimilaient à l'une de leurs divinités du monde funéraire et souterrain, Suri. Plus tard, en 449 av. J.-C., Tite Live[2] (Histoire Romaine, III, 63, 6-11) mentionne la présence d'un Apollinare dans la région des Prés Flaminiens, un lieu de culte à ciel ouvert qui pourrait être bien plus ancien. Ensuite, il faut attendre l'année 433 av. J.-C. pour avoir le premier témoignage véritablement explicite relatif à la présence d'un lieu de culte officiel du dieu Apollon : en cette année-là on voue la construction d'un temple aux Prés Flaminiens pour conjurer une pestilence. Ce sanctuaire, dédié en 431 par le consul Cn. Iulius à l'extérieur du pomoerium, est le seul temple du dieu : pendant toute l'époque républicaine. Comme les circonstances de son installation l'indiquent bien, cet Apollon est le dieu guérisseur que les Vestales[3] invoquent sous l'appellation d'Apollo Medicus, Apollon Médecin. Les domaines de compétences du dieu évoluent cependant au cours de l'époque républicaine jusqu'au principat augustéen. A partir de la deuxième guerre punique, Apollon devient aussi un dieu garant de la victoire, puis au début de l'empire il devient le précurseur d'une ère nouvelle. Ces derniers aspects du dieu sont les plus à même de mettre en évidence le lien entre religion et idéologie politique.