Glossaire
- Cheikhs
« Chef de tribu », dans l'acception liée à ce contexte. L'usage en a fait un grade de notabilité inférieur à celui d'émir.
- Chiites
Musulmans constituant une branche née de la cristallisation d'un mouvement dit du « parti de ‘Alî » (en arabe : shi‘at ‘Alî), calife qualifié d'imâm par ses partisans. Après le massacre de Husayn, fils d'Alî considéré comme le 3e imâm, et de ses partisans par Yazîd, fils du gouverneur de Syrie, la division entre chiites et sunnites s'approfondit. L'opposition est politico-religieuse puisque les enjeux portent à la fois sur la guidance de la communauté musulmane et sur l'interprétation du texte coranique. Les chiites se distinguent selon plusieurs branches en fonction de leur adhésion à cinq (zaydites), sept (ismaïliens) ou douze (duodécimains) imams. Les chiites de l'actuel Liban sont duodécimains.
- Copte
Terme venant de l’arabe qubt et dérivant du grec aiguptos. Il désigne le fidèle qui appartient à l’Eglise copte et qui parle le copte. L’Eglise copte adopte la formule de Cyrille d’Alexandrie « une seule nature du Verbe incarné ». C’est du fait de cette doctrine qu’elle est appelée monophysite, notamment a partir du concile de Chalcédoine en 451. Elle donne naissance à une Eglise copte catholique au XVIIIe siècle, qui abandonne la doctrine monophysite tout en conservant des pratiques liturgiques traditionnelles, et protestante au XIXe siècle. Les Coptes se considèrent comme les descendants des anciens Egyptiens.
- Druzes
Adeptes d'une doctrine chiite dérivée de l'ismaïlisme apparue sous la dynastie des Fatimides, en Egypte, au début du XIe siècle, à l'initiative d'al-Darazi. L'enseignement de la doctrine est réservé à des initiés ou « sages » et la pratique religieuse se fait dans des lieux de culte différents des mosquées. A l'époque ottomane, les druzes de l'actuel Liban sont dominés par la famille druze Ma‘an puis par la famille sunnite Chehab. Mais, au XVIIIe siècle, une partie des membres de ces familles se convertissent au catholicisme. La rivalité druzo-maronite, la tutelle ottomane, le développement d'un sentiment national de type européen et les difficultés économiques sont à l'origine de massacres, dont le plus important est celui de 1860 touchant essentiellement les chrétiens.
- Emirs ou Amir : « prince »
Dans les systèmes tribaux, ce titre est attribué au chef du groupe qui a le pouvoir de commander. Dans la région de l'Empire ottoman qui correspond à l'actuel Liban, le terme correspond au sommet de la hiérarchie politique : l'émir assure la sécurité générale, dirige l'administration, gère les finances et, en tant que vassal, verse au sultan un tribut annuel prélevé sur les habitations sans distinction d'ordre confessionnel ou clanique.
- Frères des Ecoles chrétiennes
Membre d'une congrégation de religieux catholiques fondée par Jean-Baptiste de La Salle (1651-1719). Ces religieux se vouent à l'enseignement, avec une attention particulière pour les populations les plus défavorisées dont les écoles peuvent être financées par des écoles dans lesquelles les familles ont des revenus plus élevés.
- Jésuites
Religieux catholiques dont une des caractéristiques est de prononcer un vœu d'obéissance spécifique au pape.
- Kaimacamat
Régime instauré en 1842, à la suite des confrontations confessionnelles druzo-maronites. Deux régions sont organisées, chacune ayant à sa tête un kaimacam (« vice-gouverneur »), l'un maronite, l'autre druze. La proposition autrichienne est acceptée par l'Empire ottoman, la France et la Grande-Bretagne. La Russie, qui donne également son accord, espère favoriser l'établissement d'une troisième région pour les chrétiens orthodoxes. Ce régime sombre dans les massacres de 1860.
- Khédive
Titre ottoman d'origine persane. En le réclamant, Ismaïl Pacha y voit le symbole d'une promotion à un rang supérieur parmi les vassaux du sultan ottoman ainsi que la confirmation de l'autonomie de l'Egypte. Le titre disparaît en 1914, d'abord remplacé par celui de « sultan d'Egypte » puis de « roi d'Egypte ».
- Loges maçonniques
Sous sa forme institutionnelle, la franc-maçonnerie s'implante à Beyrouth et dans la région à partir de 1861. Plusieurs loges sont fondées dont une dépendant du Grand Orient de France intitulée « Le Liban ». Ce développement de la franc-maçonnerie, qui promeut des valeurs se rattachant au libéralisme philosophique, est combattu par les congrégations religieuses catholiques, notamment les Jésuites, et –pour partie- par les oulémas et juristes musulmans.
- Maronites
Chrétiens d'Orient attachés à la figure de Maron considéré comme le saint fondateur et maître d'un groupe d'ermites établis aux environs d'Apamée (dans la Syrie actuelle), dans la vallée de l'Oronte. Au début du Ve siècle, des fidèles vivent dans ce lieu et perpétuent souvenir et enseignement. Dans la première moitié du VIIIe siècle, leurs descendants prennent l'initiative d'élire leur propre patriarche sur le siège d'Antioche le moine Jean Maron, fondateur de l'Eglise maronite, ce qui provoque l'opposition des chrétiens byzantins (chalcédoniens) et des chrétiens syriaques (monophysites). Fuyant les persécutions, les maronites cherchent refuge ailleurs, notamment dans les vallées montagneuses du nord du Liban actuel. Au XIIe siècle, cette Eglise manifeste sa communion avec l'Eglise catholique romaine et son patriarche participe au concile de Latran (1215).
- Melkites
Chrétiens orthodoxes d'Orient qui, en 1724 à la suite du patriarche Cyrille VI, rompent avec leurs coreligionnaires pour s'unir à l'Eglise catholique romaine. Les Ottomans refusent de les reconnaître comme communauté particulière et les orthodoxes d'Orient les perçoivent comme des dissidents à combattre. Cette situation explique la nécessité, pour ces melkites (orthodoxes devenus catholiques), de trouver sinon des lieux de refuge du moins des cadres dans lesquels ils ne subissent plus de pression.
- Mutassarifiyah
« Gouvernorat ». Les massacres de 1860 poussent les Puissances (France, Grande-Bretagne, Autriche-Hongrie, Prusse, Russie) et l'Empire ottoman à élaborer un règlement administratif spécifique qui établit l'autonomie du Mont-Liban. Ce statut organique, contenant 16 articles, est signé le 9 juin 1861. Le gouverneur (mutassarif), de confession chrétienne mais non libanais, est flanqué d'un conseil administratif central composé de douze membres représentant à parité les six principales communautés : maronites, druzes, grecs-catholiques, grecs-orthodoxes, sunnites et chiites.
- Orthodoxes
Chrétiens d'Orient, fidèles à la foi formulée dans le cadre du Concile de Chalcédoine et reconnaissant l'autorité de l'empereur byzantin, d'où le nom de « melkites » qui leur est réservé à partir du VIe siècle, lorsqu'ils se démarquent des monophysites. Leur Eglise est formée de trois patriarcats autocéphales (Antioche, Alexandrie, Jérusalem) reconnaissant la primauté d'honneur du patriarcat œcuménique de Constantinople. Le rite byzantin s'applique en langue arabe et en langue grecque.
- Pachas
Titre honorifique, placé après le nom, décerné à des dignitaires ottomans de rang élevé. Non héréditaire, ce titre devient l'apanage des gouverneurs des provinces et des vizirs de la capitale.
- Patriarcat
Regroupement de circonscriptions ecclésiastiques (diocèses) dirigés par des évêques qui sont considérés comme les successeurs des apôtres de Jésus. Cette structure prend forme dans l'Empire romain entre le IVe et le VIe siècle, sous l'influence de facteurs à la fois religieux, culturels et politiques. La tension la plus vive se focalise autour du siège de Rome. Sous le règne de l'empereur Justinien (482-565), les sièges patriarcaux sont rangés dans l'ordre de préséance suivant : Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche, Jérusalem. De nouveaux patriarcats sont institués dans les siècles suivants.
- Shawâm
Concept qui désignait les Syro-Libanais établis en Egypte sous la domination ottomane. Le terme dérive de la région nommée Bilad al-Shâm qui comprenait les actuels territoires de la Syrie, du Liban, de la Jordanie, d'Israël et des Territoires palestiniens occupés, d'une partie sud de la Turquie
- Sunnites
Musulmans dits de la « Tradition » (Sunna). Majoritaires parmi les musulmans, les sunnites ont –sauf exception- tenus les postes de responsabilité politiques et religieux depuis la fondation de la dynastie omeyyade à la mort du calife ‘Alî (661). Les débats y sont largement ouverts jusqu'au IXe siècle, moment à partir duquel est mené une grande entreprise de normalisation (langue, grammaire, approche théologique, corpus littéraire...). Dans ce cadre, quatre « écoles » (malikisme, hanafisme, chafiisme, hanbalisme) se distinguent notamment par la manière dont elles apprécient la part du « consensus », du raisonnement par analogie ou de l'approche littérale du texte coranique.