Religions et gestion de la violence

Des conflits entre chrétiens

En écrivant Armanoussa l'Masriyah, Jurji Zaydan[1] , propose un conte historique relatant les détails de la conquête islamique de l'Égypte par Amr Ibn Al-As en l'an 640. Ce qu'il souhaite mettre en évidence, c'est le soutien decoptes[2] à cette conquête, du fait du conflit qui les oppose à d'autres chrétiens qui, depuis Byzance, cherchent à leur imposer une orthodoxie qu'ils refusent. L'écrivain décrit la violence et la tyrannie des troupes byzantines qui occupèrent l'Egypte avant les Arabes islamisés. Il néglige cependant le fait que des violences furent également commises par des coptes contre les chrétiens fidèles à Byzance et que les églises de ces derniers furent données aux coptes après 640.

Plus au nord, dans ce qui est devenu le Liban et la Syrie, des conflits parfois sanglants ont opposédes melkites[3] , des jacobites[4] et des nestoriens[5] au cours des siècles.Lefait de se référer aux mêmes évangiles, de prêcher une religion d'amour et de paix et de vouloir établir des lois régissant les sociétés à partir de cette référence scripturaire, n'a pas empêché ces violences. Outre les rivalités de pouvoir et la corruption de certains responsables, ce qui les explique c'est aussi des différences d'interprétation et la volonté de faire prévaloir la sienne de manière exclusive. Ainsi des guerres, des massacres et des exils divisent durablement catholiques et réformésaux XVIe-XVIIesiècles.

  1. Jurji Zaydan

    Jurji Zaydan (1861-1914) :Ecrivain libanais chrétien à succès, ayant vécu en Egypte. Editeur, ayant une culture encyclopédique, il a le projet de participer à la réforme des comportements individuels et collectifs de ses lecteurs.

  2. decoptes

    Les coptes sont les habitants chrétiens d'Égypte. Leur nom vient de la contraction du terme arabe « aïguptos » pour signifier « Egyptiens ». Ces chrétiens ont rompu avec Rome et Byzance au moment du Concile de Chalcédoine (451) par désaccord sur la définition de l'humano-divinité du Christ. Ils sont, à plusieurs reprises, soumis à l'autorité byzantine, jusqu'à la conquête musulmane. Soumis à l'autorité musulmane, ils deviennent démographiquement minoritaires à partir du XIIIe siècle. La très grande majorité des coptes est membre de l'Église copte orthodoxe, mais il existe aussi, depuis le XIXe siècle une Église copte catholique, ainsi qu'une Église copte évangélique.

  3. Melkites

    Chrétiens de Syrie et d'Égypte qui ont accepté les définitions du concile de Chalcédoine (451) sur les deux natures, humaine et divine, du Christ. A l'origine, il s'agissait d'un sobriquet tiré du syriaque malka (« le roi »), pour les désigner comme des « royalistes » ou des « valets de l'empereur » de Byzance. Le terme désigne ensuite les fidèles des patriarcats d'Alexandrie (non copte), de Jérusalem et tout spécialement d'Antioche.

  4. Jacobites

    Chrétiens de Syrie opposés à la définition christologique du concile de Chalcédoine (451). Au milieu du VIe siècle, l'évêque d'Edesse Jacques de Baradée constitue une hiérarchie parallèle qui donne naissance à l'Eglise jacobite. Opposés à Byzance, ses fidèles sont relativement favorables à l'autorité de la dynastie musulmane des Omeyades, mais est marginalisée avec l'avènement des Abbassides.

  5. Nestoriens

    Chrétiens qui suivent la thèse défendue par le patriarche de Constantinople Nestorius (r. 428-431) mais rejetée par le concile d'Ephèse (431) dont les membres le contraignent à l'exil. La doctrine est approfondie dans la seconde moitié du VIe siècle. L'Eglise nestorienne connaît un fort rayonnement sous le califat abbasside (750-1258), en s'étendant jusqu'en Chine. Elle pâtit, après le XIIIe siècle de son soutien aux conquérants mongols dont certains chefs deviennent chrétiens avant de passer à l'islam.

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