Femmes et religions : portraits, organisations, débats

Des missions étrangères à la fondation d'une congrégation missionnaire autochtone

La congrégation des Sœurs Maronites de la Sainte Famille est fondée par l'évêque Elyas Hoyek[1] . C'est une personnalité imposante qui a conscience des inégalités et des enjeux liés à l'éducation : « Lorsque je vis que les gros villages et les familles aisées étaient seuls à bénéficier de l'instruction, j'ai songé à fonder une Congrégation de religieuses maronites destinée aux écoles des humbles villages et à l'éducation des filles pauvres » (lettre de Mgr Hoyek à Mgr Charmetant, directeur de l'Œuvre d'Orient, 2 février 1904). Il est envoyé en Europe, par le patriarche maronite, pour rétablir le collège maronite de Rome supprimé par Napoléon[2] . Il réussit sa mission et, en 1897, le collège est restauré. Il est élu patriarche en 1898 et visite les grandes capitales : Paris, Rome et Constantinople, notamment en 1905. Il fait ériger le sanctuaire Notre Dame du Liban en 1908

Il joue un rôle de premier plan durant la Première Guerre mondiale en sauvant des milliers des gens de la famine qui cause la mort de centaines de milliers de personne. Cette famine, dont le centenaire est commémoré en 2015, touche des minorités, notamment les syriaques catholiques et orthodoxes. Elle est concomitante du génocide perpétré contre les Arméniens. En 1919, Elyas Hoyek est mandaté par toutes les communautés religieuses, chrétiennes et musulmanes, pour plaider la cause du Grand Liban à la Conférence de la Paix qui s'ouvre à Paris. Son rôle est décisif dans la fondation de cet État, comme en témoigne sa présence lors de la cérémonie de proclamation de l'indépendance

Durant la seconde moitié du XIXe siècle, la renaissance des Lettres arabes s'exprime à travers les écoles, l'imprimerie, la presse. Au Levant, comme dans la vallée du Nil, l'éducation souvent assurée souvent par des missionnaires protestants et catholiques, européens et américains. Elle touche principalement les enfants (filles et garçons) des villes. Les villages et le milieu rural sont pendant longtemps privés d'écoles et de scolarisation. Les congrégations féminines locales sont contemplatives, les religieuses vivent au sein des monastères, protégées par le cloître.

La congrégation de la Sainte Famille est la première congrégation missionnaire autochtone. Son nom explicite déjà son programme. Elle s'inspire de la « Sainte Famille » (Marie, Joseph et l'enfant Jésus) pour s'occuper de tous les membres de la famille : enfants et parents. La priorité est donnée à l'éducation des jeunes filles : il s'agit de préparer la femme à assumer ses responsabilités dans la société selon des vertus morales. Une attention particulière est accordée au soulagement des souffrances physiques provenant des maladies. Ainsi, les écoles, les dispensaires et les hôpitaux sont les instruments par lesquels les sœurs de la Sainte Famille accomplissent leur mission.

  1. Elyas Hoyek (1843-1931)

      Evêque maronite formé à l'école du monastère de saint Jean-Maroun de Kfarhay, siège patriarcal qui, au début du XIXe siècle, abrite un collège ouvert aux séminaristes de la région et aux laïcs. Il fait ensuite des études au collège des jésuites à Ghazir, fondé en 1843 puis transféré à Beyrouth en 1875, et les achève à Rome, à l'école Urbaniana

  2. Napoléon

    Reprendre la notice du module xx.

PrécédentPrécédentSuivantSuivant
AccueilAccueilImprimerImprimer Coordination générale : Dominique Avon - Professeur à l'Université du Maine (France) Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de ModificationRéalisé avec Scenari (nouvelle fenêtre)