Conclusion
Lorsque Théodoret rédige son histoire, le monachisme est devenu un phénomène bien établi. Des monastères s'élèvent dans toutes les contrées, des vies de maîtres spirituels et fondateurs circulent, des règles s'élaborent, la vie communautaire fleurit et des centaines d'ermites investissent la campagne. Le moine est comparé à un athlète des jeux olympiques, cependant il mène un combat spirituel contre le mal pour acquérir les vertus et parvenir à l'Union avec le Messie, but ultime du mysticisme.
Chez Aphraate, comme chez Théodoret, le mysticisme est ouvert aux femmes. Théodoret montre des figures de femmes bien connues et bien identifiées, Aphraate n'arrive pas à les séparer de la collectivité des Filles du pacte[1], probablement à dessein pour affirmer que toutes les Filles du pacte sont vertueuses et répondent à l'idéal ascétique et mystique. Il a le mérite d'être le premier à forger le vocabulaire adéquat et à brosser la physionomie de l'ascète mystique.
Théodoret poursuit un autre but, celui de montrer des modèles exemplaires de maîtres spirituels qui troquent le retrait dans le désert par la vie en plein air, précisément en hypèthre[2]. Il dispose d'exemples plus variés d'expériences ascétique et mystique qu'il manie à bon escient pour marquer l'originalité du monachisme syriaque.