Pourquoi avoir choisi Emilie Nasrallah ?
Emilie Nasrallah (1931-2018) est née à Kawkaba, un village dans le sud du Liban. Elle y a vécu jusqu'à avoir achevé ses études complémentaires, puis elle a poursuivi ses études secondaires, dans une région proche de la capitale Beyrouth pour obtenir en 1958 son baccalauréat à l'Université Américaine. Journaliste et enseignante, elle a lutté, à travers sa plume, pour la liberté de la femme dans une société patriarcale où la gente féminine à cette époque n'avaient nullement le droit de prendre part aux décisions ou même de décider de son avenir tant social qu'académique.
Emilie Nasrallah publie en 1962 ce texte dans lequel elle laisse libre cours à ses idées pour dévoiler la vérité tant camouflée des relations sociales dans son village libanais (auquel elle dédie son ouvrage à la page 5 : « A mon village bien-aimé où les particules de mon existence se sont fusionnées avec celles de son sol rouge ») et du rapport de « l'être humain » envers la nature-mère qui l'abrite.
L'auteure a traité plusieurs thèmes dans ses écrits tels que les racines familiales, la vie à la campagne libanaise, la guerre dont elle a souffert avec sa famille et ses concitoyens, la lutte de la femme pour obtenir son égalité et à s'émanciper notamment au niveau de la liberté d'expression etc. Elle a de même participé à plusieurs conférences littéraires au Canada, aux États-Unis, en Allemagne, en Suisse, en Hollande, au Danemark et dans quelques pays arabes. Ceci explique pourquoi plusieurs de ses nouvelles ont été traduites en anglais, en allemand, en hollandais, en danois, en finlandais et en thaïlandais. Le 28 août 2017, l'auteure a reçu la médaille Goethe[1] des mains du directeur de l'institut Goethe, lors d'une cérémonie à Weimar (Allemagne). Il s'agit de la plus haute distinction culturelle décernée par l'Allemagne. Par ailleurs, le 6 février 2018, le Président de la République Libanaise, Michel Aoun, représenté par le Ministre de la Justice, Salim Jreissati, a décerné à Emilie Nasrallah les insignes de l'ordre national du Cèdre avec le grade de Commandeur en signe de reconnaissance de ses apports littéraires remarquables pour le Liban. Il est à noter que ces insignes sont décernés pour la première fois au Liban à une femme de Lettres.
Les oiseaux de Septembre constitue la première production de l'auteure, qui l'introduit dans le monde de l'écriture, un monde où elle réussit à fusionner la réalité dont elle a témoigné avec une fiction de la réalité qu'elle tisse avec beaucoup de passion pour donner jour à son premier roman. Elle y traite plusieurs thèmes d'ordre existentiel : la nature, l'amour, la mort, l'émigration, la séparation, la fatalité, la solitude, l'incompréhension, la révolte contre les mœurs et les coutumes. |
Cet ouvrage obtient dès sa publication trois prix littéraires et en 2012 une édition spéciale a été publiée à l'occasion du 50e anniversaire de sa parution, accompagnée d'un CD permettant aux auditeurs d'écouter Emilie Nasrallah raconter avec sa propre voix la nouvelle « des Oiseaux de Septembre » ;
Le philosophe, poète et écrivain libanais Mikhael Naimy[2] atteste notamment de l'authenticité des sentiments, des valeurs verbales, humanitaires et esthétiques dans cette œuvre et s'émerveille de la description précise du village libanais et de ses habitants. Il valorise en particulier la capacité d'Emily Nasrallah de mettre en valeur les bouleversements imposés par la modernité urbaine face auxquels ils se sentent démunis.