Conclusion
En Egypte, les Frères musulmans ont représenté pendant des décennies la principale force d'opposition, parfois en conflit violent avec les militaires. Les libéraux ont été rapidement écartés, et les forces de gauche ont été marginalisées, certains de ses membres rejoignant parfois les Frères musulmans. Le moment qualifié de « printemps arabe », en 2011, sert de révélateur aux projets portés par ces différents mouvements au nom de l'islam. Les Frères musulmans n'ont pas l'initiative, mais ils prennent rapidement l'ascendant sur toutes les autres forces, arrivant en tête lors des scrutins électoraux. Leur référence à la démocratie, qui apparaît dans leur discours, est spécifique : ils entendent, en fait, mettre en pratique leur conception totalisante de l'islam, en investissant l'ensemble de l'appareil de l'Etat et en cherchant à contrôler d'un point de vue religieux toutes les activités éducatives et culturelles. La réaction populaire et militaire a suivi, conduisant au rétablissement d'un régime autoritaire contrôlé par l'armée, dans un contexte de violences renouvelées : groupes paramilitaires attaquant des soldats dans le Sinaï ; attentats dans les villes.
Alors que la guerre sévit en Syrie, en Irak, au Yémen, en Libye et qu'aucun Etat arabe majoritairement musulman n'est épargné par des tensions dans lesquelles les références religieuses viennent se combiner aux causes socio-économiques ou géopolitiques, la question est posée de l'ouverture d'un débat sur la possibilité de l'ijtihâd[1] des versets coraniques appelant au jihâd contre les « infidèles », et des usages du Coran et du Hadîth.