Représentations figurées et images dans l'art musulman

L'Egypte des Fatimides, la Perse des Seldjoukides, Al-Andalous, l'Empire ottoman

L'essor des arts est si important dans l'Egypte fatimide qu'il en éclipse ce qui est produit dans la capitale abbasside. Les conditions sociales et religieuses favorisent ce renouveau dans un espace déjà privilégié. La tradition omeyyade et abbasside dans l'art figuratif y est poursuivi, avec une empreinte spécifique introduite par les Fatimides. En effet, la diversité religieuse de la population permet une plus grande diversité en ajoutant des représentations de personnages chrétiens, comme le Christ, et aussi des thèmes juifs. Au niveau de la technique, l'aspect dominant est plutôt naturaliste.

Dans la Perse sous autorité seldjoukide, la miniature laisse voir l'importance de courants artistiques locaux, fortement imprégnés de manichéisme, et chinois. C'est à cette époque qu'apparaît l'auréole au-dessus de la tête de certains personnages emblématiques, à commencer par le prophète de l'islam. Avec l'invasion mongole du XIIIe siècle, le changement est si radical, qu'on parle d'une nouvelle naissance de l'école miniaturiste perse. Au niveau de la technique, les niveaux se superposent, sans différence de taille entre le premier plan et les plans suivants. L'imagination des artistes donne aux éléments un aspect fantastique et irréel. Quant aux paysages, ils sont plus d'origine chinoise qu'arabe. Les mêmes motifs décoratifs sont repris dans l'art du tapis : représentations figurées dans des scènes de chasse et de batailles combinées avec des motifs géométriques ou autres.

L'art hispano-musulman d'Al-Andalus déploie au long de huit siècles. Il se présente comme un syncrétisme d'éléments perses et byzantins, ajoutés à la composante locale romaine et wisigothe, et pénétrés de références musulmanes. Deux traits essentiels le caractérisent : la diversité ornementale, ainsi que la richesse décorative des jardins. Christian Ewert a répertorié presque mille six cents motifs pour le seul salon du trône de Medina al-Zahra. F. Ruggles, qui s'est penché sur l'importance des jardins dans le contexte hispano-musulman, affirme que l'abondante végétation dans les palais et autres résidences n'a pas seulement un rôle ornemental, ou fonctionnel, il est une métaphore du paradis. C'est ainsi qu'au milieu de ce cadre paradisiaque, il est possible de contempler des fontaines agrémentées de statues en forme d'animaux, comme c'est le cas à l'Alhambra . Le côté figuratif des décors se développe davantage dans les ateliers où les artisans redoublent de créativité. Ils fabriquent de précieuses étoffes et des objets de luxe. Ces produits sont ornés de deux ou trois motifs. La présence humaine et d'animaux, comme le lion, la gazelle ou le paon y est notable. La miniature est également en usage à l'époque des almohades comme en témoigne le manuscrit du Livre de Bayad et de Riyad  qui raconte une romance entre un commerçant et une servante.

La cour des lionsInformationsInformations[1]
Manuscrit du Livre de Bayad et RiyadInformationsInformations[2]

Comme l'art hispano-musulman, l'art ottoman se laisse influencer par l'héritage byzantin et européen à la fois. Le portrait fleurit à partir du moment où les souverains font appel à des peintres italiens pour les réaliser. Ces mêmes souverains encouragent aussi la traduction et la reproduction de livres tout en refusant l'imprimerie. L'espace de la représentation figurée d'êtres animés ne se limite pas aux pages des manuscrits et miniatures qui les illustrent, elle apparait aussi sur d'autres matières communes comme le stuc ou les étoffes. Beaucoup d'objets domestiques et de tissus portent des images de personnes et d'animaux. La décoration picturale d'ustensiles en céramique présente, quant à elle, une influence chinoise et sassanide. On y voit des scènes héroïques, ou des formes florales, géométriques, épigraphiques et humaines ou animales.

Portrait de Mehmed le conquérantInformationsInformations[3]
  1. HATTSTEIN, Marcus (Dir.) L'Islam arts et civilisations. Könemann, 2004, 639 pages.

    Fontaine de la cour des Lions de l'Alhambra, Grenade, seconde moitié du XIVe siècle

    page 490

    © Anne und Henri Stierlin, Geneva

    http://www.stierlinhenri.com/

    info@stierlinhenri.com

  2. HATTSTEIN, Marcus (Dir.) L'Islam arts et civilisations. Könemann, 2004, 639 pages.

    Bayad sur la rive du fleuve, manuscrit andalou de , Séville vers 1200, Tome Biblioteca Apostolica Vaticana.

    page 270

  3. HATTSTEIN, Marcus (Dir.) L'Islam arts et civilisations. Könemann, 2004, 639 pages.

    Mehmed le Conquérant, Sinan Bey, vers 1480, 39cmx27cm, Istambul, musée du Topkapi Saray.

    Page 567

    © G. Dagli Orti, Paris

    http://www.dagli-orti.com/

    domaine public

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