Figures et sculptures à l'époque omeyyade (661-750)
Les premiers signes d'un art spécifiquement musulman datent de l'époque omeyyade. Cette période est considérée comme la phase de transition entre l'art byzantin et abbasside. Les tissus sont l'un des espaces privilégiés de l'art figuratif. Ils servent à la confection de vêtements ainsi qu'à l'aménagement des intérieurs. Les étoffes en lin, soie ou coton, avec des images d'êtres animés, sont appréciées par les califes. Mais c'est l'architecture qui constitue le point culminant de l'art de cette période. Parmi les chefs d'œuvres de ce style on compte le dôme du rocher à Jérusalem qui, selon O. Grabar, est la première création de l'art islamique, ainsi que la grande mosquée de Damas. L'influence esthétique omeyyade se déploie ensuite jusqu'en Afrique et dans la péninsule ibérique, même après la chute de cette dynastie. Quant aux premières manifestations d'images d'êtres animées, on en trouve dans la céramique, la fabrication du verre, le travail de l'ivoire, du métal et du textile, où les représentations figuratives constituent un répertoire riche en images princières, scènes de chasse, de vie quotidienne et autres aspects liés aux signes du Zodiaque, mois, saisons, etc. Sous forme de peinture murale, ou même de sculpture, ces œuvres se trouvent dans les palais et résidences princières. La figuration d'hommes, de femmes et d'animaux sont une partie importante de la richesse de l'ornementation de ces luxueuses résidences. Les témoignages de l'époque se trouvent dans les qusayrs[1] . Les plus importants sont :
Qusayr ‘Amra : il s'agit d'un ensemble architectural composé d'un salon, de chambres et d'un bain construit selon le style romain. Ce modeste palais des Omeyyades, situé à quelques kilomètres d'Amman, fut découvert par des voyageurs occidentaux à la fin du XIXe siècle. L'ensemble de l'édifice contraste, de par sa dimension, avec la richesse décorative de ses intérieurs comportant des mosaïques, quelques inscriptions arabes de style kufique et grec, ainsi que des fresques polychromes . Celles-ci montrent différents thèmes : scènes de métiers, chasse, animaux, personnages mythologiques, femmes nues, etc. Creswell livre des détails minutieux sur l'aspect architectural et la peinture murale .Il souligne l'influence de l'héritage romain classique. O. Grabar insiste davantage sur le trait local des motifs, en particulier dans les scènes de chasse royale et de musique. D'autres spécialistes parlent d'une empreinte byzantine. D'autres encore affirment que le site combine le style romain et byzantin, tant au niveau de la technique des fresques que des motifs décoratifs et structure architecturale.
Qasr Khirbat Al-Mafjar (Palestine) et Qasr al-Hayr al-Gharbi (Syrie) : il s'agit de constructions de grande taille. Les deux se composent d'une résidence palatiale, d'une mosquée, de bains, d'une cour, de tours, de luxuriants jardins et d'un barrage. Les fouilles qui ont été réalisées dans les deux sites, pendant la première moitié du XXe siècle, ont révélé l'existence de sculptures qui ornaient les murs et les coupoles, ainsi que des statuettes en stuc représentant des animaux ou des humains . Selon Volkmar Enderlein, la technique de travail du stuc ainsi que les motifs du Qasr al-Hayr al-Gharbi sont inspirés de l'esthétique sassanide. Les fresques qui ornent le sol composent les traditions orientales et occidentales . En revanche, la représentation figurative est presque inexistante sur les mosaïques qui ornent aussi le pavement, mais dont il reste peu de traces.