Introduction
La Querelle des images est un moment majeur de l'histoire byzantine.Elle oppose les iconoclastes[1] aux iconodoules[2] sur la problématique de la représentation figurée en matière religieuse. Les origines de cet affrontement restent confuses. La Vie de Nicélas de Médikon illustre l'imbrication des enjeux comme l'ampleur de la crise : « les autres hérésies ont été suscitées par des évêques et des clercs [...], tandis que celle-ci vient des empereurs [...]. Les autres hérésies ont été créées et raffermies peu à peu dans les débats, tandis que celle-ci a tiré du pouvoir impérial une force extrême dès le départ. » Le débat sur les limites du pouvoir de l'empereur sur l'Eglise apparaît au cœur de la problématique. Preuve en est une expression attribuée à Léon III[3] : « Je suis empereur et prêtre ». Les questions politiques, religieuses et sociales ne doivent cependant pas conduire à négliger celles liées à l'art proprement dit.
La vénération des images est un phénomène tardif en contexte chrétien, les textes du Nouveau Testament n'y font pas allusion et le succès de la prédication des trois premiers siècles ne lui doit rien. Si l'art paléochrétien se développe au IVe siècle, il existe à cette époque des témoignages de destruction d'images dans les églises, geste assumé par les autorités ecclésiastiques en voie d'intégration dans le cadre impérial romain. Le culte des images chrétiennes s'affirme au VIe siècle. Par la suite, les sources à la disposition des historiens introduisent un certain biais de l'analyse dans la mesure où, au terme de la période, c'est le parti iconophile qui triomphe. Les arguments du parti hostile aux images religieuses ont donc tendance à être dévalorisés dans les corpus sur lesquels travaillent les chercheurs.