Introduction
Les principaux conflits et les formes d'accommodement liés aux théories de Charles Darwin[1] en France et au Royaume-Uni ont été présentés dans le chapitre précédent. Le père Alexandre Torrend leur donne un écho en écrivant que Darwin admet Dieu comme créateur et déclare son adhésion à l'immortalité de l'âme. Preuve en est, poursuite le Jésuite, la question qu'il soulève sur la possibilité que l'homme primitif ait pensé à l'existence divine : « Il est évident, dit-il, que celui qui envisage le progrès biologique humain de l'état animal va se demander comment nous concilions ce point de vue avec l'immortalité de l'âme. Mais quelle est la nécessité pour nous de savoir à quel moment de sa vie l'âme devient immortelle, et si cela se fait avant ou après la naissance ». Pour Torrend, l'homme ne peut pas déterminer le temps de l'évolution de l'espèce, d'une strate à une autre. Il en déduit qu'il existe dans la vie des individus de nombreux phénomènes dont les mystères sont difficiles à percer et que l'esprit ne peut pas évaluer leur rapport à l'effet de la force aveugle première. Il en conclut que le « Créateur » a son rôle dans les différentes étapes de la vie de l'homme, et que c'est le « Tout-Puissant » qui donne l'immortalité à l'âme humaine, même si personne ne sait à quelle époque de sa vie l'enfant reçoit l' « âme immortelle ». Il en conclut que Darwin, vers la fin de sa vie, confirme sa croyance en l'existence de Dieu et en l'immortalité de l'âme et qu'il ne tend point à la doctrine des matérialistes. S'il déploie son opinion sur la transformation et sur l'avancement des espèces, il se contente de dire que l'homme tire son origine du genre des singes. Suit une présentation des réponses aux principales objections des « darwinistes » qui paraissent essentiellement perçus au travers d'une lecture orientée des ouvrages d'Ernest Haeckel[2].