Le darwinisme au regard de la revue des Jésuites, Al-Mashrîq - Diana Jeha

Introduction

Al-Mashrîq est une revue scientifique arabophone mensuelle, fondée en 1898 sous la direction des Jésuites[1] à Beyrouth par l'orientaliste arabisant Louis Cheikho[2]. Sous-titrée Revue Catholique Orientale, elle traite un large éventail de thèmes historiques, littéraires, scientifiques, religieux et artistiques. Dans les volumes 8, 9, 10, 11 et 12 qu'elle consacre à l'importante question de l'origine de l'homme, le père Alexandre Torrend[3] reprend certains éléments du darwinisme en les opposant aux darwinistes qualifiés de « matérialistes[4] » et d'« intellectualistes[5] » , deux doctrines présentées comme des filles du XIXe siècle. Si les deux courants s'entendent sur le refus de l'inspiration et de l'influence du surnaturel sur les phénomènes de l'univers, les intellectualistes, ne refusent pas l'existence de Dieu, mais expriment leur indifférence quant à son existence. Les matérialistes, quant à eux, nie cette existence et contestent le rôle de la théologie, en soutenant que l'esprit humain est une force de la matière première qui évolue selon différentes étapes : venant du règne végétal, il évolue en animal avant d'accéder à l'étape humaine. Deux revues de langue arabe apparaissent principalement visées : Al-Muqtataf, présentée dans la deuxième partie de ce module, et Al-Hilâl, fondée en 1892.

  1. Jésuites

    Religieux catholiques dont une des caractéristiques est de prononcer un vœu d'obéissance spécifique au pape.

  2. Louis Cheikho

    (1859- 1927) : prêtre jésuite libanais de rite chaldéen, théologien, écrivain et orientaliste de renom. Il est à l'origine des études scientifiques des textes arabes paléochrétiens. Il est le fondateur de la revue Al-Mashrîq qui comptait 72 volumes en 1998, lors de son premier centenaire. Al-Mashrîq est dirigée aujourd'hui par le père Salim Daccache.

  3. Alexandre Torrend

    (1859-1941) : né à Saint-Privat d'Allier (Haute-Loire), Torrend est élève de l'École apostolique d'Avignon, avant de devenir Jésuite en 1877. Il poursuit à Ghazîr son noviciat commencé en France. Il étudie la philosophie et la théologie à Beyrouth. Devenu prêtre en 1888, il est nommé supérieur ou ministre à Beyrouth, Saïda, Tanaïl et Alep. Les dernières années de sa vie sont douloureuses, il décède à Ghazîr âgé de plus de 80 ans.

  4. Matérialiste

    Partisan du matérialisme qui désigne une doctrine d'après laquelle toute la réalité se réduit à la matière qui suffit à rendre compte des phénomènes vitaux et psychiques. Le courant du matérialisme s'oppose principalement au spiritualisme, qui admet la réalité de l'esprit.

  5. Intellectualiste

    Partisan de l'intellectualisme, courant qui professe la primauté de la pensée intellectuelle dans les activités et œuvres et qui s'oppose à l'émotivisme et au volontarisme.

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