La perception des résultats scientifiques modernes par deux groupes d'intellectuels musulmans - Elhassane Benabbou

La défense des « miracles scientifiques du Coran »

Comment ces penseurs musulmans ont-ils traité de ce qu'ils appellent l'énigme des « miracles » dans le Coran, et quelle relation établissent-ils entre la science et le miracle ? Telle est la problématique traitée par Harun Yahya[1] dans sa défense du et Zaghloul Annajjar[2] . Le « Saint Coran » est le plus grand « miracle » donné au prophète Muhammad, ce texte considéré comme inimitable guide, guérit, apaise les cœurs et « nourrit les âmes éternellement ». L'un et l'autre sont d'accord pour dire que le Coran, sans être un ouvrage scientifique, contient de nombreux faits qui ont été approuvés et démontrés par des scientifiques occidentaux bien des siècles après sa mise par écrit. Leur raisonnement est le suivant : en raison de l'état de la science à l'époque où ce livre considéré comme sacré et révélé a été porté à la connaissance des hommes, il n'était pas possible d'évoquer des faits qui n'ont été découverts ou attestés que beaucoup plus tard, à l'aide d'équipements de point et de méthodes scientifiques hautement perfectionnés. Par conséquent, ces penseurs concluent que l'islam est le meilleur promoteur des sciences et de l'élargissement des connaissances, et que le Coran est bien la parole de Dieu, révélée par lui au prophète Muhammad.

  1. Harun Yahya

    (né en 1956) Adnan Oktar est un Turc connu sous le nom de Harun Yahya. Il a reçu une formation islamique et s'est particulièrement intéressé aux écrits du Kurde Saïd Nursi, auteur d'un commentaire coranique. Il entre à l'Université Mimar Sinan d'Istanbul en 1979 et se réunit avec d'autres étudiants pour prier d'une part et, d'autre part, pour dénoncer le matérialisme que celui-ci s'exprime à travers le marxisme aussi bien qu'à travers le darwinisme. En 1986, il est engagé par le département de philosophie de l'Université d'Istanbul. Quelques années plus tard, il publie un ouvrage intitulé Judaïsme et Franc-Maçonnerie qui s'inscrit dans les thèses complotistes, ici centré sur les milieux universitaires et médiatiques. Il crée la Fondation pour la Recherche scientifique (BAV : Bilim Araştırma Vakfı) et en 1995 la Fondation pour la Protection des Valeurs nationales (MDKV : Millî Değerleri Koruma Vakfı). C'est sur le terrain de la lutte contre le darwinisme qu'il acquiert une audience internationale en diffusant des milliers d'exemplaires d'un Atlas de la Création publié dans plusieurs langues. Défendu dans certains pays majoritairement musulmans, l'ouvrage a été critiqué par le Comité pour la science et l'éducation de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe.

  2. Zaghloul Annajjar

    (né en 1933) géologue égyptien, diplômé de l'Université du Caire et de l'Université du Pays de Galles (Royaume-Uni). Membre de la Société géologique de Londres et de la Société géologique d'Egypte, il abandonne sa carrière académique pour présider le Comité scientifique des notions dans le Coran au sein du Conseil suprême des Affaires islamiques en Egypte. En 1989, il co-fonde l'Instance internationale du Miracle coranique et de la Sunna. Il affirme à la fois que le Coran n'est pas un manuel de science ou un recueil de découvertes scientifiques et que les « versets [coraniques] qui nous renseignent sur l'univers et ses composantes dépassent [...] le 1/5 du Coran environ ». Il est l'auteur de plus d'une quarantaine d'ouvrages publiés en plusieurs langues dont The Geological Concept of Mountains in the Qur‘an (2003).

PrécédentPrécédentSuivantSuivant
AccueilAccueilImprimerImprimer Elhassane Benabbou, Université Ibn Zohr, Agadir Réalisé avec Scenari (nouvelle fenêtre)