L'Empire inachevé. Le royaume de Germanie, d'Otton Ier (936-973) à Frédéric II (1212-1250)

Références

Anastase

Anastase Ier, empereur romain de Constantinople de 491 à 518. Enclin à favoriser une ligne de conciliation avec les partisans de la doctrine monophysite, il est amené à rompre sur ce point avec Rome, hostile à tout compromis.

Arnulf

Arnulf, dit Arnulf de Carinthie, roi de Bavière. C'est un fils illégitime de Carloman, lui-même fils de Louis « le Germanique », qui avait hérité de la Bavière à la mort de son père. Aux yeux des grands et des contemporains, il reste d'abord un carolingien, descendant direct de Charlemagne.

Charlemagne

Carolus Magnus, dit Charlemagne, souverain du royaume des Francs de 768 à 814. A la mort de son père, Pépin III dit le Bref, il accède au pouvoir et écarte rapidement son frère pour gouverner seul. Bien qu'il n'en soit pas le fondateur, il laisse son nom à la dynastie carolingienne, en raison du prestige associé à sa personne et à son règne. Par la conquête (Bavière, Italie, Saxe, Catalogne), il étend considérablement le royaume qu'il entreprend d'organiser autour de la cour royale, bientôt fixée à Aix-la-Chapelle. Le couronnement impérial à Rome du 25 décembre 800 consacre la renaissance d'un Empire chrétien en Occident. Cette renaissance politique de l'Occident chrétien est aussi une renaissance culturelle, marquée par l'essor des Arts et des Lettres. A sa mort en 814, il laisse à son fils Louis dit le Pieux un Empire prospère, capable de rivaliser avec l'Empire Byzantin.

Constantin

Constantin Ier, empereur romain (306-337), fondateur de Constantinople. Converti au christianisme, il promulgue notamment en 313 l'édit de Milan, un édit de Tolérance qui met fin aux persécutions des chrétiens.

Frédéric Ier

Frédéric Ier, dit Barberousse (1152-1190). Fils de Frédéric, duc de Souabe et de Judith, fille du Welf Henri de Bavière, il réunit sous son nom les familles Welf, Staufen et Salienne. Il succède rapidement à son oncle Conrad III (Staufen) à la mort de celui-ci en 1152. Son règne est surtout marqué par la reprise de la Querelle du Sacerdoce et de l'Empire. L'élection d'Alexandre III en 1159 entraîne celle d'un antipape, Victor IV, favorisé par le parti impérial. C'est le début du schisme victorin et d'une longue phase italienne de son règne, dont l'empereur sort épuisé. La paix de Venise, en 1177, contraint l'empereur à reconnaître la validité des prétentions pontificales. En 1184, il fait élire et couronner son fils Henri, qu'il fiance à Constance de Sicile, tante et héritière potentielle de la couronne sicilienne, ravivant les inquiétudes de la Papauté. Il part en croisade en 1190 et meurt la même année en traversant le Sélef, fleuve côtier d'Asie mineure.

Frédéric II

Frédéric II (1209-1250), a été surnommé stupor mundi (« l'étonnement du monde »). Né en 1194 de Constance, héritière de la couronne du royaume de Sicile et d'Henri VI, il reçoit les prénoms programmatiques de Frédéric, du nom de son grand-père paternel Frédéric Barberousse, Roger, du nom de son grand-père maternel Roger de Hauteville, premier roi de Sicile, et enfin Constantin. Couronné à 2 ans, il est écarté du trône l'année suivante à la mort de son père et confiné dans son royaume de Sicile. Mais le pape Innocent III se rapproche de lui, avant de le couronner en 1209. Il veille à lui faire donner une solide éducation. Polyglotte (sicilien, latin, grec, normand, allemand, arabe), intelligent, il s'impose à la tête du royaume et est à nouveau couronné en 1212 après avoir été élu triomphalement par les princes allemands. En 1220, il fait élire son fils Henri, destiné à hériter de la couronne sicilienne, comme roi des Romains, déclenchant la reprise de la guerre entre Empire et Papauté, qui craint l'encerclement de ses positions. Excommunié en 1227 pour n'être pas parti à temps en croisade. Il s'embarque l'année suivante et reçoit du sultan d'Egypte Al-Kamil, avec qui il noue des liens d'amitié, la ville de Jérusalem ; il est solennellement couronné roi de Jérusalem en 1229, en vertu des droits de seconde sa femme, héritière du titre. De retour en Allemagne, il désavoue la politique de son fils, Henri VII, le fait juger et emprisonner en 1235 après la révolte de celui-ci. Tributaire du soutien des princes allemands, il leur abandonne, en 1220 et 1231, l'essentiel de l'exercice de la souveraineté dans leurs principautés, et se consacre aux combats en Italie. Excommunié à nouveau en 1245, il meurt en 1250, sans avoir pu s'imposer ni en Allemagne ni en Italie. Il est le dernier roi de la dynastie des Staufen.

Henri II

Henri II, roi de 1002 à 1024. Il est le denier représentant des Ottoniens, qui succède à son cousin Otton III dont il est le plus proche parent. A la mort d'Otton III, il s'impose facilement aux grands, soulagés de voir la fin des rêves universalistes et impériaux d'Otton III, et de voir l'un des leurs monter sur le trône ; d'autre part, ses droits sur la couronne sont difficilement contestables. Son règne marque un resserrement de l'espace politique sur le monde franc, et l'abandon des rêves de grandeur romaine et des rêves universalistes d'Otton III. Henri II est surtout resté célèbre pour sa piété (il est d'ailleurs surnommé « le Saint »). Fervent partisan de la réforme monastique, il fait de très nombreuses donations à l'Eglise, mais garde les nominations sous son étroite tutelle. Marié à Cunégonde, fille du comte de Luxembourg, il meurt sans descendant direct en 1024, laissant une succession ouverte.

Henri III

Henri III, fils aîné d'Henri II, accède au trône en 1039 à 22 ans sans opposition notable : il est le premier roi allemand à ne pas avoir à contraindre par les armes une partie de ses vassaux à le reconnaître. Son règne s'inscrit dans la ligne politique paternelle de lutte contre les tentations des Grands à l'hérédité et à la patrimonialisation des duchés. Mais le principal théâtre de son activité réformatrice est l'Italie. En 1046, Henri III arrive en Italie, pour mettre de l'ordre dans les affaires de la Papauté. Dans un premier synode à Pavie en 1046, il donne son accord au programme pontifical de réforme, condamne la simonie et interdit le trafic des charges ecclésiastiques. Après avoir mis de l'ordre dans les affaires de la Papauté (synode de Sutri, 24 décembre 1046), il fait élire pape un proche, Clément II, qui le couronne dans la foulée. En intervenant à Rome, l'empereur remplit un rôle souhaité par certains, mais critiqué par les réformateurs d'une Eglise soumise à l'Etat royal. Henri III meurt prématurément à 38 ans le 5 octobre 1056, après cependant avoir pris la précaution de faire couronner son fils, Henri, âgé de 3 ans, laissant la régence à sa femme Agnès de Poitou.

Henri IV

L'autorité et la légitimité d'Henri IV (1056-1106) sont discutées dès son accession au trône, à l'âge de 5 ans. Son élection n'est pas allée sans difficulté, et son règne est agité par les multiples révoltes des Grands. La tension avec la Papauté culmine pendant le pontificat de Grégoire VII (1073-1085), qui entend lutter contre la tutelle impériale sur Rome. Le conflit éclate en janvier 1076, à propos des désignations épiscopales. Un temps soutenu par son clergé, Henri IV voit ses soutiens déserter son camp après son excommunication. Les Grands profitent de la position de faiblesse de l'empereur pour ouvrir les hostilités. Appuyés par la Papauté, ils décident de le destituer et d'élire, le 15 mars 1077, Rodolphe de Rheinfelden, duc de Souabe. Toutes les tentatives pour ramener la paix se soldent par des échecs ; le royaume de Germanie connaît durant les années 1175-1105 une anarchie politique et une situation de guerre civile. C'est en vain qu'Henri IV croit pouvoir rétablir la situation en faisant élire et couronner son fils Henri V.

Henri V

Henri V, fils du roi Henri IV, est élu et couronné dès 1101 par son père, contre la promesse de ne pas se révolter contre lui. Mais sentant le vent tourner, Henri V se rebelle en 1104, emprisonne son père et le contraint à lui céder les insignes du pouvoir. A la mort d'Henri IV en 1106, Henri V se retrouve donc à la tête d'un royaume divisé et déchiré par près de quarante ans de guerre civile. Conscient que face à la Papauté la lutte est inégale, et que les moyens financiers et idéologiques commencent à manquer pour espérer s'imposer, il entame cependant une longue phase de négociations, rendues plus difficiles par des positions devenues inconciliables. En 1119, l'élection de Guy de Bourgogne, archevêque de Vienne (Calixte II), permet finalement de parvenir à un compromis, le célèbre concordat de Worms, signé dans cette ville le 23 septembre 1122. Henri V meurt trois ans plus tard, sans descendant. Sur l'initiative d'Adalbert de Mayence, qui joue un rôle décisif dans les tractations, les princes désignent Lothaire de Supplimbourg, le vieux duc de Saxe, à la tête du royaume, signant la fin de la dynastie salienne.

Henri VI

Henri VI (né en 1165, roi de 1190 à 1197). Fils de Frédéric Barberousse, il est associé au pouvoir dès 1184. Régent au départ de son père en croisade en 1189, il lui succède lorsque celui-ci trouve la mort l'année suivante. Son mariage avec Constance, héritière du royaume de Sicile, ravive les craintes de la Papauté, dont les Etats se retrouvent pris en tenailles entre les possessions italiennes et siciliennes du souverain. La révolte des princes allemands et la contestation de la succession sicilienne, soutenue par la Papauté, l'obligent à combattre sur deux fronts. Il meurt en 1197, laissant un pouvoir chancelant à son fils Frédéric-Roger, âgé de 3 ans.

Les Saliens de 1024 à 1125

La mort sans descendant direct d'Henri II en 1024 laisse ouverte la question de la succession. La désignation de Conrad, fils de Henri, comte de Spire, au détriment de son cousin n'est pas sans susciter d'opposition ; il n'est d'ailleurs couronné qu'en 1028. Conrad II inaugure cependant la dynastie des Saliens, du nom de sa famille paternelle. Sa désignation semble marquer le retour du principe électif ; les Saliens sont cependant étroitement apparentés à la dynastie ottonienne sortante, Conrad étant un arrière-petit-fils de Liutgarde, fille d'Otton I. Son règne marque un affermissement de la royauté germanique : il recueille l'héritage du roi Rodolphe III de Bourgogne, mort sans héritier en 1032, qui lui fait parvenir les insignes royaux. Il meurt en 1039 et choisit de se faire enterrer dans la cathédrale de Spire, dont il souhaite faire une nécropole dynastique.

Otton III

Fils du roi Otton II, petit-fils d'Otton Ier, il se retrouve à 3 ans propulsé à la tête du royaume. Sa légitimité est d'emblée contestée par les princes. Il reçoit cependant l'appui des prélats du royaume, soucieux de garantir la légitimité du pouvoir royal, et appuyant fermement la résistance des deux impératrices veuves, Théophano, la mère de l'enfant, veuve d'Otton II, et Adélaïde, veuve d'Otton Ier, avec qui il gouverne jusqu'à sa majorité en septembre 994. Ces deux femmes d'une exceptionnelle personnalité prennent soin de donner au jeune roi une éducation soignée et une culture gréco-latine. Dès sa majorité, Otton écarte les proches de sa mère et de sa grand-mère et prend le pouvoir en main. Couronné à Rome en 996, il inaugure une nouvelle conception du pouvoir impérial, basée sur l'idée d'un condominium de l'empereur et du pape sur la Chrétienté. Mais les projets d'Otton III sont rapidement contrecarrés par les réalités politiques italiennes et allemandes ; il meurt prématurément le 23 janvier 1002.

Staufen

Issue de l'aristocratie souabe, la dynastie des Staufen accède au rang des princes d'Empire en 1079, lorsque Frédéric de Büren est fait duc de Souabe. Fidèles soutiens des Saliens Henri IV et Henri V, ils sont écartés du trône en 1125, et ce n'est qu'en 1137 que Conrad, fils de Frédéric de Büren devient roi, inaugurant la dynastie des Staufen : Conrad III (1137-1152), Frédéric Ier (1152-1190), Henri VI (1190-1197), Philippe de Souabe (1198-1208), Frédéric II (1209-1250). Celle-ci s'éteint peu après la mort de Frédéric II en 1250.

Sylvestre II

Gerbert d'Aurillac, pape sous le nom de Sylvestre II (999-1003). Décrit par ses contemporains comme un des grands esprits de son époque, il est né en Auvergne vers 940. Très tôt destiné à la vie monastique, il suit en 967 le comte de Barcelone en Catalogne où il s'initie à la science arabe. Son savoir lui vaut rapidement une grande notoriété. Devenu écolâtre (directeur des écoles cathédrales) de Reims en 972, son enseignement réputé en fait un personnage influent : bras droit de l'archevêque Adalbéron, précepteur du futur roi Robert le Pieux (996-1031), fils de Hugues Capet, et surtout du futur Otton III. Celui-ci en fait son secrétaire, puis le nomme archevêque de Ravenne en 998, avant de l'imposer sur le trône pontifical en 999. Le pape conserve son mode de vie d'inspiration monastique, et milite pour une réforme en profondeur de l'Eglise. Proche de l'empereur, ses positions lui valent l'opposition de l'aristocratie romaine. Premier pape à lancer un appel pour « délivrer Jérusalem » (sic), il meurt en 1003, hors de Rome, toujours en butte à l'aristocratie romaine. Son nom pontifical, Sylvestre II, est choisi en référence à Sylvestre II, pape sous Constantin le Grand. Ce choix désigne clairement le programme conjoint du roi et du pape : nouveau Constantin, Otton III est appelé à diriger la chrétienté main dans la main avec le pape.

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