Religions et Argent

Le concept de zakât

La zakât représente un des cinq piliers de la religion musulmane. Le terme arabe zakât aurait une signification première proche de celle de ribâ : accroissement, augmentation. Ce sens aurait évolué vers des formes plus abstraites de croissance morale, purification, et redressement moral. Les foqahas en donnent des définitions qui souvent prennent en considération les spécificités de chaque doctrine et/ou de chaque époque. Ainsi, dans l'islam malékite, il s'agirait d'un don d'une partie des biens ayant atteint le nissãb (seuil de taxation) à quelqu'un qui le mérite. Ce seuil représente le patrimoine nécessaire pour assurer les besoins sociaux et la solvabilité du musulman. La zakât serait, donc, une aumône légale calculée sur un niveau de revenu donné à certaines échéances déterminées ou pendant un exercice fiscal lunaire. Dans sa dimension de redistribution, la zakât a des objectifs sociaux et économiques. Elle vise à réduire la différence entre musulmans riches et pauvres et ainsi à contribuer à la stabilité et à la sécurité de la société islamique.

La zakât représente un concept important de la finance islamique, caractéristique d'une économie cherchant à établir un ordre social juste. Mais la zakât reste toujours une obligation imposée par Dieu et non le résultat d'une décision de l'État, donc elle ne peut être comparée à un système fiscal. Pourtant, elle en tient lieu dans quelques pays majoritairement musulmans qui ont officialisé la pratique de la zakât comme le Pakistan et l'Arabie saoudite où il existe un comité institutionnel de la zakât qui se charge de récupérer et de redistribuer l'aumône conformément à la loi islamique. Pour les autres, elle reste un acte volontaire et une obligation divine. Reste alors à savoir où les musulmans doivent s'acquitter de la zakât. Si ce n'est pas l'État qui prélève, ce peut être les instances religieuses ou les banques islamiques, quand elles existent dans les pays considérés. Auquel cas, ces dernières du fait de leur fonction dans la société, sont tout naturellement chargées de la collecte et de l'administration de la zakât, selon les règles de la shar'ia. Un service spécifique y est alors créé au titre duquel la banque calcule, prélève et gère pour le compte de son client, l'aumône légale islamique. Les fonds collectés sont alors dépensés conformément à la shar'ia.

Ainsi, les concepts de ribâ et de zakât s'accordent. Le prêt à intérêt favoriserait la concentration de la richesse et de ce fait réduirait la considération à porter à ses semblables. De surcroît, la prospérité de l'individu ne devrait pas résulter d'un « enrichissement sans cause », d'où l'interdiction du prêt à intérêt. La zakât impose aux riches la responsabilité d'atténuer la pauvreté. L'islam n'est cependant ni anticapitaliste ni opposé à un accroissement de la richesse, mais cette dernière doit être le résultat d'une activité personnelle et donc d'un effort créateur d'un surplus de richesses correspondant.

PrécédentPrécédentSuivantSuivant
AccueilAccueilImprimerImprimer Coordination générale : Vincent Vilmain - Maître de conférence en histoire contemporaine à l'Université du Mans (France) Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Partage des Conditions Initiales à l'IdentiqueRéalisé avec Scenari (nouvelle fenêtre)