Les lieux de culte du nord et du sud de la Gaule à l'Âge du Fer

Le sanctuaire de Gournay-sur-Aronde (Oise)

Le sanctuaire de Gournay-sur-Aronde a été fouillé entièrement. Il se situe sur le territoire des Bellovaques[1] et est datable du milieu du IIIe siècle av. J.-C. Il est constitué de plusieurs éléments.

Reconstitution du sanctuaire de Gournay-sur-Aronde au IIIe siècle av. J.-C. © J.L. BRUNAUX -disponible sur : http://www.gournaysuraronde.com/histoire.html
Reconstitution du sanctuaire de Gournay-sur-Aronde au IIIe siècle av. J.-C. © J.L. BRUNAUX

Ce sanctuaire comprend d'abord un enclos sacré, c'est-à-dire un terrain de 250 m2, que les hommes ont soigneusement découpé pour en faire la propriété du dieu. Le plan est rectangulaire avec des angles arrondis. L'entrée, à l'est, ouvre face au soleil levant lors du solstice d'été. L'enclos est matérialisé par un mur de bois et torchis et aussi par deux fossés, l'un devant le mur, l'autre à l'intérieur de l'enclos. Ces aménagements ont valeur symbolique puisqu'ils signifient la séparation entre le monde divin et profane.

L'entrée du sanctuaire est conçue comme un sas permettant de passer du monde profane à celui des dieux. Dès le IIIe siècle un porche est installé. Il doit s'agir d'un véritable bâtiment construit sur huit poteaux et enjambant les deux fossés. Ce porche peut comporter un étage et accueillir les armes, les éléments de char, les crânes des bovidés et d'humains qui ont été découverts dans les fossés. Au centre de l'enclos se trouve un autel creux, c'est-à-dire une fosse creusée directement dans le sol. La fosse a un plan ovalaire de 3 m par 4 m pour une profondeur de 2 m. Cet autel est le moyen privilégié de communiquer avec la divinité et on peut croire qu'il est utilisé pour les dieux souterrains. On recouvre très tôt l'autel et la zone de circulation a une toiture à deux pans.

Le sanctuaire de Gournay a livré également une documentation précieuse sur les principaux rites qui s'y déroulent. Pour le sacrifice animal, des milliers d'ossements ont été retrouvés. Il s'agit toujours d'animaux domestiques, les mêmes que ceux offerts par les Romains et les Grecs, à savoir des bovidés, des porcs et des moutons. Il existe à Gournay deux types de sacrifice. Le premier concerne les bovidés. L'animal est offert totalement au dieu et sa dépouille est déposée dans la fosse où elle séjourne plusieurs mois. Le second type de sacrifice est le sacrifice de commensalité[2] où on ne sacrifie que de jeunes porcs et agneaux. Ceux-ci font l'objet d'un partage entre les hommes et les dieux. Les premiers reçoivent les bons morceaux, gigot et épaule. Les dieux reçoivent la fumée des abats qui sont grillés. Les os des bons morceaux, réellement consommés et jetés dans le fossé intérieur laissent supposer que le repas rituel a lieu dans l'enclos.

Ce lieu de culte érigé depuis le début du IIIe siècle av. J.-C., continue à exister à l'époque romaine, sous la forme d'un bâtiment en maçonnerie entourée d'une galerie.

  1. Territoire des Bellovaques

    Région actuelle de Beauvais.

  2. Sacrifice de commensalité

    Il s'agit d'un sacrifice où une partie de la viande du sacrifice est partagée et mangée par des personnes au cours d'un repas pris en commun.

PrécédentPrécédentSuivantSuivant
AccueilAccueilImprimerImprimer Annie Allély, Maître de conférences, Université du Maine (France) Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de ModificationRéalisé avec Scenari (nouvelle fenêtre)