L'effondrement de l'émirat, l'anarchie et les formes supplétives de gouvernement

Glossaire

A-L
Caïmacamat

Régime qui divise la montagne en deux districts ou territoires : un chrétien et l'autre musulman. Chaque caïmacamat comprend un conseil mixte composé des représentants des différentes communautés religieuses, sur une base proportionnelle.

Cheikh chabeb

« Le plus vénérable parmi les vifs » ; « le maître [ou le chef, ou le plus fort] parmi les jeunes ». Dans ce contexte, l'expression désigne le chef des jeunes d'un village ou le « jeune dans la force de l'âge ».

Druzes

Adeptes d'une doctrine chiite, dérivée de l'ismaïlisme et dotée de textes de références spécifiques. Ils s'organisent sous le régime des Fatimides, au XIe siècle. L'ésotérisme de l'enseignement s'articule autour du calife al-Hakim identifié à l'intellect universel ou 'aql. Les premiers personnages qui prêchent la nouvelle doctrine sont Anushtegin al Darazi (d'où le terme « druzes »), Turc, et Hamza ibn ‘Ali d'origine perse. La mort du calife en 1021 a pour résultat de faire disparaître d'Egypte le mouvement qui se répand auprès des paysans du mont Hermon. Les druzes constituent une communauté fermée, ayant leurs coutumes propres. La communauté divisée en « sages » (uqqal-s) et en « ignorants », les premiers étant tenus d'observer sept commandements. Les druzes conservent certains éléments du culte musulman, mais ils tiennent des réunions secrètes dans des lieux de culte particuliers. Ils attendent la réapparition d'al-Hakim et de Hamza qui doivent établir la justice en ce monde. Les druzes se développent surtout au Mont-Liban où quelques familles telles que les Tannoukhs-Buhturs s'installent sur les hauteurs de Beyrouth et s'illustrent dans la lutte contre les Francs. Les Maan établissent une réelle dynastie avec l'avènement des Ottomans, agrègent les familles notables telles que les Joumblatt, les Arslan, instituent un émirat au Liban et dans certaines régions limitrophes et associent les chrétiens aux besognes du régime. Sous les Chehab, les familles notables gardent leur pouvoir sur leurs districts devenus mixtes. Le conflit égypto-ottoman et l'ingérence des puissances européennes rompent l'entente entre les druzes et les maronites et amènent la chute de l'émirat en 1840. Une partie de la communauté s'installe au Hauran en Syrie au XIXe siècle et parvient à tenir tête aux Turcs à la veille de la première guerre mondiale et au mandat français entre 1925-1927. Elle donne son nom à la région qui s'appelle Jabal al-Duruz et joue un rôle déterminant à chaque tournant de l'histoire de la Syrie. Une autre communauté se développe en Palestine et pactise avec l'Etat d'Israël où les druzes sont seuls mobilisables parmi les Arabes dans l'armée. Les trois communautés ont leur propre hiérarchie spirituelle avec une reconnaissance de la primauté libanaise et entretiennent entre elles et avec la diaspora une solidarité exemplaire.

Firman

Edit impérial émis par la Sublime Porte

Les missionnaires protestants

La présence des protestants au Proche-Orient remonte au premier tiers du XIXe siècle et répond à plusieurs objectifs. Face au phénomène non linéaire de sécularisation, un renouveau spirituel se manifeste dans certains pays tels que les Etats-Unis, l'Angleterre et l'Allemagne et se traduit par le désir d'explorer la Bible dans son milieu d'origine, de connaître les traditions de vieilles communautés chrétiennes orientales, d'évoquer l'importance du « Salut individuel » et de répandre la « Bonne Nouvelle » parmi les non-chrétiens, juifs et musulmans. Plusieurs motifs amènent les premiers missionnaires protestants à s'installer à Beyrouth et au Mont-Liban : la sécurité, la possibilité d'acquérir des biens fonciers, la facilité de correspondre avec les Eglises mères, la salubrité de l'atmosphère... Les congrégationalistes de l'American Board dont le siège se trouve à Boston arrivent les premiers et opèrent presque seuls dans la région jusqu'aux années 1870. Les arméniens protestants fondent leurs propres communautés en 1846. L'action des congrégationalistes prend une triple forme : la prédication, l'enseignement et la traduction de la Bible dans les langues locales. Ainsi ils fondent avec l'aide des convertis les premières paroisses évangéliques à Istanbul en 1846, à Beyrouth en 1848 et à Hasbaya en 1851. L'édition de la version arabe intégrale de la Bible apparait à Beyrouth en 1867, dix ans avant celle des Jésuites. Le texte circule sous forme de petites brochures pour permettre une large diffusion et recueillir l'opinion des lecteurs concernant la lisibilité du texte avant de lui donner la forme définitive. Cette entreprise contribue à renouveler la langue arabe et à moderniser les techniques typographiques et l'imprimerie. Le réseau scolaire s'implante à partir des années 1830 telle la création de Robert College à Istanbul en 1863 et se couronne par l'instauration de l'enseignement supérieur en 1866 du Syrian Protestant College qui devient en 1921 l'Université Américaine de Beyrouth. A l'instar des communautés chrétiennes dans l'Empire ottoman, les protestants sont reconnus comme millet, en 1850, par la Sublime Porte. Le règlement organique de 1864 corrobore ce statut par l'article 6. La constitution libanaise proclamée en 1926 accorde une place aux protestants parmi les 15 communautés qui forment la trame du peuple libanais. La loi de 1936 qui règlemente le statut personnel communautaire préserve les droits du Conseil suprême de la communauté évangélique au Liban et en Syrie érigé à cet effet en 1937 et qui représente 12 communautés protestantes. L'accord de Taëf les compte parmi les 18 communautés reconnues.

M
Moukataaji-s

Notable qui gère un district, lève les impôts, administre la justice en première instance et mobilise les hommes en cas d'appel lancé par l'émir.

moutaçarrifiyat

Voir Partie II, chap. 3.

Mutassalim

Notable qui gère une localité de taille modeste au nom du wali ou vali.

N-Z
Oquals

Initiés à la religion au sein de la communauté druze, ils forment un groupe des sages. Ils sont très respectés et entendus dans leur communauté, ils vivent en bonne entente avec les notables.

Qadi

Juge ou magistrat qui siège au tribunal civil ou au tribunal islamique.

Tanzimat

Mot qui dérive de l'arabe et signifie « réformes », « réarrangement », « réorganisation ». Dans l'histoire ottomane c'est la période d'occidentalisation des reformes de la période qui s'étend 1839 à 1876. Les réformes jugées de révolutionnaires touchent presque tous les secteurs : la politique, le droit, l'administration, l'armée, les finances, le commerce, le transport. La première période (1839-1856) s'ouvre par un firman issu du Sultan Abdel Hamid (1839-1861) en novembre 1839 appelé Hatti chérif de Ghulkhane (« noble rescrit de la Maison des roses »), puis le Hatti Humayoun (« rescrit impérial ») au terme de la guerre de Crimée : l'égalité entre tous les sujets du sultan, musulmans et chrétiens, est proclamée. La deuxième période englobe la proclamation de la Constitution de 1876 qui limite les pouvoirs du sultan. Cependant, cette « loi fondamentale » est suspendue quelques mois plus tard.

Wakil

Délégué d'une autorité, d'une assemblée ou d'une collectivité (généralement un village).

wali

Voir Partie I, chapitre 3

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