L'effondrement de l'émirat, l'anarchie et les formes supplétives de gouvernement

Introduction

L'effondrement de l'émirat des Chéhab, lié à la crise égypto-ottomane et à l'action des Puissances européennes en Orient, ouvre une longue période d'instabilité au Mont-Liban. Les Ottomans essayent de prévenir tout changement susceptible d'être inconciliable avec leurs intérêts. Les accords politiques sont ponctués par des guerres internes et des mouvements paysans exprimant des revendications sociales. Les divisions religieuses resurgissent.

Après la défaite d'Ibrahim Pacha[1] , le 10 octobre 1840, et la destitution de Béchir II , la coalition européenne, les Ottomans et les habitants de la Montagne s'accordent pour réinstaurer le régime politique antérieur à 1831, mais sans s'entendre ni sur les méthodes, ni sur les termes de son application. Dès le 3 septembre, contrairement aux usages traditionnels, un firman[2] spécial fait de Béchir III le gouverneur de la Montagne. Cette nomination anticipée, sans réelle portée en absence de décision militaire, vise à marquer la volonté de la Porte d'exercer sa puissance à l'exclusion de toute autre. Encouragés par des promesses ottomanes, les chefs druzes exilés par Ibrahim pacha et Béchir II, reviennent au printemps 1841 avec l'ambition de restaurer leur autorité et leurs privilèges de notables et de récupérer leurs propriétés confisquées. Béchir III s'oppose à leurs menées et cherche même à les affaiblir ; il a l'appui des Britanniques qui voient en lui un « fonctionnaire » de l'Empire ottoman. La France, qui cherche à retrouver une influence ébranlée par la perte de la « carte égyptienne », encourage les contestataires, notamment le clergé et les paysans maronites qui craignent de nouveaux excès dans l'exercice du pouvoir.

  1. Ibrahim pacha

    Ibrahim pacha (1789-1848) est le fils adoptif de Mehmet Ali. Après avoir conquis la région (1830-1831), il la gouverne jusqu'en 1840. Ses victoires successives sur l'armée ottomane l'amènent aux portes de Constantinople et provoquent l'intervention des grandes puissances pour sauver l'Empire d'un effondrement imminent. Clément et tolérant au départ, le régime égyptien finit par indisposer la population qui se révolte contre les taxes excessives et la conscription. La quadruple alliance formée par l'Angleterre, l'Autriche, la Prusse et la Russie, profite du soulèvement des montagnards pour expulser Ibrahim pacha. Il fait une tournée en France et meurt avant de pouvoir succéder à son père.

  2. Firman

    Edit impérial émis par la Sublime Porte

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AccueilAccueilImprimerImprimer Elsa Ghossoub, Enseignante-chercheuse à l'Université Saint-Esprit de Kaslik (Liban) Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de ModificationRéalisé avec Scenari (nouvelle fenêtre)