Le Dieu du calvinisme réclame une vie tout entière de bonnes oeuvres érigées en système

Seul un élu possède réellement la fides efficax, seul il est capable – en vertu de sa nouvelle naissance (regeneratio) et la sanctification (sanctificatio) de sa vie tout entière qui en découle – d’augmenter la gloire de Dieu par les oeuvres réellement, et non pas seulement apparemment, bonnes. […]
Autant les bonnes oeuvres sont absolument impropres comme moyen pour obtenir le salut – l’élu lui-même restant une créature, tout ce qu’il fait est infiniment éloigné de ce que Dieu exige –, autant elles demeurent indispensables comme signe d’élection. Moyen technique, non pas sans doute d’acheter le salut, mais de se délivrer de l’angoisse du salut. […]
Le Dieu du calvinisme réclamait non pas des bonnes oeuvres isolées, mais une vie tout entière de bonnes oeuvres érigées en système. Pas question du va-et-vient catholique, authentiquement humain, entre péché, repentir, pénitence, absolution, suivis derechef du péché. Ni de tirer d’une vie, considérée dans son ensemble, un solde qui puisse être compensé par des pénitences temporelles, expié par le moyen des grâces de l’Eglise […]
Car seule une transformation radicale du sens de la vie tout entière, à chaque instant, dans chaque action, était à même de confirmer les effets de la grâce soustrayant l’homme au status naturae pour le placer dans le status gratiae.
La vie du « saint » était exclusivement dirigée vers une fin transcendante : le salut. Pour cette raison précisément, elle était totalement rationalisée en ce monde, et dominée entièrement par ce but unique : accroître sur terre la gloire de Dieu.