Différentes réflexions sur différents thèmes

[…] l’histoire n’est qu’un prétexte pour permettre à l’auteur de formuler certaines idées qui lui tiennent à coeur : le refus des traditions archaïques qui enchaînent la femme orientale, la critique de la féodalité cléricale, personnifiée par l’évêque, mais aussi la mélancolie, la mort, la beauté, la révolution, l’amour, la maternité, la nature… Abordant le thème de l’unicité de l’existence, récurrent dans son oeuvre, il écrit : « La vie de l’homme […] ne commence pas dans les entrailles de sa mère et ne se termine pas devant le tombeau ! Le vaste ciel, éclaire par la lune et les astres, n’est pas déserte par les âmes amoureuses et les esprits unis par l’harmonie. » S’inspirant de Rousseau qu’il apprécie, il soutient que « l’homme né libre n’en reste pas moins esclave des sévères lois établies par ses ancêtres » et célèbre la beauté euphorique et la pureté de la nature qu’il oppose à la corruption des hommes. Sur l’amour, il déclare, songeant sans doute à sa relation avec Mary Haskell : « Il est bien faux de croire que l’amour naît d’une longue amitié ou d’une fréquentation assidue ! L’amour est le fruit d’affinités spirituelles… » Évoquant la mort enfin il fait dire au père moribond de Salma : « Le temps de l’esclave est passé et mon âme aspire à la liberté… » Mais le romancier ne parvient pas toujours à s’effacer derrière ses personnages, et quand Salma déclare que « la soif de l’âme est plus noble que la satiété matérielle, et la crainte de l’âme plus chère que la sécurité du corps » c’est bien la voix de Gibran qu’on entend ».