Mystique et religion selon Underhill

« Une telle philosophie [mystique] repose le plus souvent sur le credo formel que le mystique accepte. Pour autant que ses activités transcendantales soient saines, il accepte, et c’est ce qui le caractérise, plus qu’il ne rejette de telles croyances. L’histoire conforte peu l’idée selon laquelle le mystique est un anarchiste spirituel, ce qui nous montre à nouveau que les grands mystiques sont les fils fidèles des grandes religions. […] Les tentatives de limiter la vérité mystique —l’appréhension directe de la Divine substance— à une formule religieuse quelle qu’elle soit, sont aussi futiles que celles consistant à assimiler un métal précieux au moule qui le transforme en une simple pièce de monnaie. Les moules que les mystiques ont utilisé sont nombreux. Leurs particularités sont toujours intéressantes et parfois très significatives. […] Mais l’or avec lequel ces diverses pièces de monnaie sont frappées est toujours le même métal précieux […] Néanmoins, si nous voulons comprendre le langage des mystiques, il est évident que nous devons connaître quelque peu la forme aussi bien que la substance, c’est-à-dire les principales philosophies ou religions qu’ils ont utilisées pour décrire leurs aventures. »
« Chaque mystique, aussi original soit-il, doit cependant beaucoup aux acquis hérités de ses ancêtres spirituels. Ces ancêtres forment sa tradition et sont les exemples classiques sur lesquels reposent son éducation ; c’est à eux qu’il emprunte le langage qu’il a recherché et élaboré pour pouvoir raconter ses propres aventures au monde. »