Du reste, je ne sais à quoi peut servir une quantité de monstres ridicules, une certaine beauté difforme, et une difformité agréable, qui paraît sur tous les murs des cloîtres, aux yeux des frères qui y font la lecture ? À quoi bon ces singes immondes, ces lions furieux, ces centaures monstrueux, ces demi-hommes, ces tigres marquetés, ces soldats qui se battent, ces chasseurs qui sonnent du cor ? On y voit plusieurs corps sous une même tête, et plusieurs têtes sur un même corps : d’un côté paraît une bête à quatre pieds, avec la queue d’un serpent ; de l’autre la tête d’un quadrupède sur le corps d’un poisson ; ailleurs un animal représente un cheval, qui est moitié chèvre par une extrémité, et un autre les cornes en tête, est moitié cheval par le reste du corps. Enfin, on voit partout une si grande et si prodigieuse diversité d’animaux, que les marbres plutôt que les livres pourraient servir de sujet de lecture ; et qu’on y passerait plus volontiers toute la journée à admirer chaque ouvrage en particulier, qu’à méditer la loi du Seigneur. Ah ! Dieu, si ces folies ne font pas rougir, pourquoi du moins ne pas regretter une si folle dépense ?