Mais Zeus s’éveilla, sur les sommets de l’Ida, auprès de Hèrè au trône d’or. Et, se levant, il regarda et vit les Troiens et les Akhaiens, et les premiers en pleine déroute, et les Argiens, ayant au milieu d’eux le roi Poseidaôn, les poussant avec fureur. Et il vit Hektôr gisant dans la plaine, entouré de ses compagnons, respirant à peine et vomissant le sang, car ce n’était pas le plus faible des Akhaiens qui l’avait blessé.
Et le père des hommes et des dieux fut rempli de pitié en le voyant, et, avec un regard sombre, il dit à Hèrè :
– Ô astucieuse ! ta ruse a éloigné le divin Hektôr du combat et mis ses troupes en fuite. Je ne sais si tu ne recueilleras pas la première le fruit de tes ruses, et si je ne t’accablerai point de coups. Ne te souvient-il plus du jour où tu étais suspendue dans l’air, avec une enclume à chaque pied, les mains liées d’une solide chaîne d’or, et où tu pendais ainsi de l’ether et des nuées ? Tous les dieux, par le grand Olympos, te regardaient avec douleur et ne pouvaient te secourir, car celui que j’aurais saisi, je l’aurais précipité de l’Ouranos, et il serait arrivé sur la terre, respirant à peine. Et cependant ma colère, à cause des souffrances du divin Hèraklès, n’était point assouvie. C’était toi qui, l’accablant de maux, avais appelé Boréas et les tempêtes sur la mer stérile, et qui l’avais rejeté vers Koôs bien peuplée.