Il n’en est qu’un, un oiseau, qui se régénère et se reproduise lui-même ; les Assyriens le nomment le phénix. Ce n’est pas de graines ni d’herbes qu’il vit, mais des larmes de l’encens et du suc de l’amome. Quand il a achevé les cinq siècles de son existence, aussitôt, sur les branches et à la cime d’un palmier que balance le vent, de ses griffes et de son bec que rien ne souilla, il se construit un nid. Après y avoir étendu une couche de cannelle, de brindilles de nard aux douces odeurs, de morceaux de cinname mêlé de myrrhe fauve, il s’y place, et achève sa vie enveloppé de parfums. Alors dit-on un petit phénix, destiné à vivre un nombre égal d’années, renaît du corps de son père. Quand, avec l’âge, il a pris des forces et qu’il est capable de porter un fardeau, il allège du poids de son nid les branches du grand arbre, et pieusement il emporte ce nid, qui fut son berceau et la tombe de son père ; et une fois arrivé, à travers les airs légers, dans la ville d’Hypérion, il le dépose devant les portes sacrées, au temple d’Hypérion