Considérons l’étrange prodige qui s’opère dans les contrées de l’Orient, c’est-à-dire en
Arabie. On y voit un oiseau qu’on appelle phénix. Il est seul de son espèce et vit cinq cents
ans. A l’approche de sa fin, il se construit avec de l’encens, de la myrrhe et autres aromates,
un cercueil où il pénètre, son temps accompli, pour y mourir. De sa chair en putréfaction naît
un ver, qui se nourrit de la pourriture de l’oiseau mort et se couvre de plumes ; puis, devenu
fort, il soulève le cercueil où reposent les os de son ancêtre et avec ce fardeau il passe
d’Arabie en Egypte, jusqu’à la ville d’Héliopolis. Là en plein jour, aux yeux de tous, il va en
volant le déposer sur l’autel du soleil ; après quoi, il prend son vol pour le retour. Alors les
prêtres, consultant leurs annales, constatent qu’il est venu après cinq cents ans révolus.