Echange de lettres entre Bâle, Berne et Zurich à propos des réfugiés (7-9 septembre 1698) ― extraits

Bâle à Zurich, 7 septembre 1698
Nous ne pouvons pas recevoir de nouveaux réfugiés ; le blé renchérit tellement que c’est
à peine si nous pouvons nourrir nos propres gens et les réfugiés que nous avons déjà ; il
n’y a pas moyen d’obtenir du blé de France ou d’ailleurs. En outre, le commerce ne va
pas.
Berne à Bâle, 8 septembre 1698
Nous vous invitons, comme il convient à de bons confédérés, à vous charger incontinent
[immédiatement] du contingent qui vous revient, et à suivre en ceci le louable exemple
donné par le Vorort [directoire fédéral censé expédier les affaires courantes en l’absence
de la diète fédérale] de Zurich ; dans le cas contraire, nous tenons à nous laver les mains
devant Dieu et tous les honnêtes gens, de la désolation qui pourra en résulter ; mais ce
nous serait un grand sujet de peine, si, après tout ce qu’on a déjà fait, et avec les
perspectives d’un prochain soulagement, il semblait survenir un relâchement dans
l’exercice d’une bienfaisante compassion.
Bâle à Berne, 9 septembre 1698
Vu le manque de blé, nous en restons à notre première décision. Nos propres gens sont
déjà obligés de se nourrir de pain d’avoine. Si nous usions de compassion, la France en
tirerait occasion de châtier ceux d’entre les réfugiés qui, dans la dernière guerre, ont
porté sous les drapeaux de Savoie les armes contre le roi de France, leur souverain
naturel, et nous retiendraient les récoltes qui nous viennent du Sundgau [région voisine
de Bâle], par quoi nos propres gens tomberaient dans la dernière des misères, et nos
pasteurs et professeurs seraient frustrés du salaire que ces récoltes leur assurent en
partie. Nous vous prions donc qu’il soit trouvé un autre expédient, et sommes tout
disposés à apporter notre offrande en beaux deniers comptants.