Vision divine chez Marie Noël

O mon Dieu d'aujourd'hui qu'aujourd'hui je revois sous ces doux traits de fiancé céleste, vous m'êtes apparu sous un autre, un terrible visage – Et Vous m'êtes apparu sans visage. Et ce jour-là, je Vous ai vu. Et j'ai manqué en mourir. Vous m'avez tenue dans la nuit à distance infinie et il n'y a plus eu de main entre Vous et moi pour nous joindre.

Mais ô mon Dieu, Homme disparu et qu'en êtes Dieu que davantage, je suis restée, même dans l'épouvante, à votre ombre. Sans visage, je vous ai adoré. Sans visage, je vous ai dit : oui, comme l'enfant de jadis qui tendait un doigt naïf pour recevoir de Vous une alliance. Notes intimes

Et quand je disparaîtrai, moi aussi, quand je n'aurai plus, moi aussi, ni mains, ni visage, peut-être sera-ce ce jour-là, que s'accomplira la rencontre pour laquelle, avec des pas différents, vous m'avez tant appelée, aspirée, égarée... gardée à Vous.

Source : Marie Noël, Notes intimes, Paris, Stock, 1959, p. 154-155

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