Elisabeth Schüssler-Fiorenza et le développement d'une herméneutique critique féministe pour reconstruire l'histoire des premières femmes chrétiennes

C'est pourquoi les féministes ne peuvent se permettre de renier les textes bibliques androcentriques et l'histoire patriarcale comme partie intégrante de leur propre histoire, de leur propre révélation. [...] Il ne faut pas prendre les textes androcentriques et les représentations linguistiques de la réalité pour des documents indiscutables et dignes de foi lorsqu'il s'agit de l'histoire, de la culture et de la religion humaine. Il se peut que le texte soit le message, mais le message n'est pas coterminal à la réalité et à l'histoire humaines. Une herméneutique féministe doit donc sortir des textes androcentriques pour s'intéresser à leur contexte socio-historique. Elle ne doit pas seulement revendiquer la communauté contemporaine des femmes luttant pour leur libération comme son lieu de révélation, elle doit aussi mettre en valeur ses sœurs ancêtres à la fois victimes et sujets participant à la culture patriarcale. Elle doit, pour y parvenir, non pas créer un centre de vie gynocentrique aux frontières de la culture et de l'histoire androcentriques, mais retrouver dans cette histoire même, telle qu'elle a été déformée par les hommes, la propre histoire des femmes.

Source : E. Schüssler-Fiorenza, En mémoire d'« elle », essai de reconstruction des origines chrétiennes selon la théologie féministe, trad M. Brun, Paris, Cerf, 1986, p. 68.

ImprimerImprimer