Hélinand de Froidmont, Sermon pour la Toussaint, début XIIIe siècle

Pourquoi vous, Cisterciens, qui avez renoncé aux choses du monde et avez fait vœu de frugalité et de pauvreté, construisez-vous des bâtiments aussi coûteux et superflus ? Vous pourriez, et même vous devriez avoir renoncé à ces choses et donné l'argent aux pauvres. « Mais », dites-vous, « les bâtiments pourrait être plus simples. Et même s'ils étaient chers, pourquoi ne seraient-ils pas nécessaires ? Parce qu'ils sont chers, ils n'en sont pas forcément superflus. Pouvez-vous trouver là quelque chose qui satisfasse la curiosité, des peintures ou des sculptures, ou quelque colonne supportant quelque chose ? Pouvez-vous trouver quelque chose qui n'est pas absolument nécessaire ? » [...] Ce que vous construisez sont des palais plus que des maisons d'hôtes, des fortifications plus que des murs, des tours plus que des réfectoires, des châteaux plus que des dortoirs, des temples plus que des salles capitulaires, des forteresses plus que des chapelles, des villas plus que des granges. « Mais », répondent-ils, « nous ne construisons pas ces bâtiments pour nous seulement. Nous les construisons pour les moines qui viennent après nous ». « C'est possible, mais comme ils ont coûté si cher, ils suscitent chez les laïcs plus d'envie de que révérence. »

Source : Jacques-Paul Migne (éd.), Patrologia latina, vol. 212, 1855, col. 676-678.

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