La véritable idolâtrie selon Martin Luther

C'est ainsi, par exemple, que les païens, qui mettaient leur confiance dans la puissance et la domination, érigèrent en dieu suprême leur Jupiter, les autres, qui recherchaient la richesse, le bonheur ou le plaisir et des jours heureux, Hercule, Mercure, Vénus ou d'autres, les femmes enceintes, Diane ou Lucine, et ainsi de suite. Chacun se donnait pour dieu ce vers quoi son cœur le portait. De telle sorte que, à proprement parler, de l'avis de tous les païens aussi, avoir un dieu signifie se confier et croire. Mais il y manquait ceci que leur confiance était fausse et injuste, car elle n'était pas placée dans le Dieu unique, en dehors duquel il n'y a véritablement aucun dieu, ni dans le ciel ni sur la terre. De là vient que les païens, à vrai dire, érigent en idole leur propre fiction et rêverie de Dieu, et se confient en un pur néant. Il en est de même de toute idolâtrie, car elle ne réside pas seulement en ce qu'on élève et qu'on adore une statue, mais bien, et avant tout, dans le cœur qui regarde ailleurs, cherche son secours et sa consolation auprès des créatures, des saints ou des diables, et ne se soucie pas de Dieu, n'attend pas de lui qu'il veuille lui porter secours, et ne croit pas non plus que les bienfaits qui lui échoient viennent de Dieu.

Source : La foi des Eglises luthériennes. Confessions et catéchismes, éd. André Birmelé et Marc Lienhard, Paris et Genève, Cerf et Labor et Fides, 1991, p. 339.

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