Introduction
Les mythes ont la vie dure. Forgée à une époque durant laquelle les médecins n'étaient guère assurés de leur position centrale dans la société, l'idée d'une opposition irréductible entre médecine et religion est restée forte au sein de la représentation progressiste d'une science vouée à réduire ce qui était qualifié d'obscurantisme croyant et de superstitions. Cette image d'un XIXe siècle conquérant a été consolidée par la mise en avant de figures de savants investis dans l'effort de construction de la République hygiéniste[1], par le récit de la laïcisation des institutions hospitalières, et par la mise en avant d'indices de désacralisation de l'acte de soigner. La médicalisation[2] se développant en symbiose avec la laïcisation, tel est le schéma qui paraît surgir des discours dominants de la fin du XIXe siècle. Cependant, depuis plusieurs années les travaux des historiens, particulièrement ceux qui concernent le catholicisme français, montrent que médecine et religion se sont certes trouvés en situation d'affrontement, mais aussi d'association.