Entre maison, synagogue et temple : Jésus et la politique des espaces dans l'Evangile de Marc

Glossaire

A-K
Code architectural

Il comprend toutes les références aux constructions humaines (maisons, synagogues, temple, etc.), et se réfère à l'opposition inconciliable entre « sacré » et « profane », avec des polarisations comme « maison » contre « synagogue » et « temple », ou « chambre » contre « cour ».

Code géopolitique

Il comprend toutes les références aux lieux spécifiques (villes, villages, régions, etc.), et se réfère à l'opposition entre « familier » et « étranger », avec des polarisations comme « Terre d'Israël » contre « pays étrangers », « Galilée » contre « Judée », et ainsi de suite.

Code topographique

Il comprend toutes les références aux lieux physiques (mers, montagnes, rivières, routes, etc.), et se réfère à l'opposition entre « promesse » et « menace », avec des polarisations comme « ciel » contre « terre », « terre » contre « mer », « zones désertes » contre « zones peuplées ».

Disciple

Ce terme vient du latin discipulus (qui correspond au grec mathētēs), littéralement « celui qui apprend » (du verbe discere : « apprendre » ; en grec manthanō). Dans un sens général, le terme peut être utilisé pour indiquer l'élève d'un maître autant que l'apprenti d'un artisan. Dans les évangiles, on voit ce mot décrire surtout la réalité de ceux qui suivent Jésus. Mais on le trouve aussi employé pour indiquer ceux qui adhérent au message de Jean-Baptiste, ou en référence aux membres de la secte des Pharisiens.

L
Les Douze

Aussi connus comme « Les Douze Apôtres ». Expressément choisis par Jésus, ils forment un cercle restreint de disciples avec un statut et des tâches tout à fait particuliers. Le nombre « douze » est évidement symbolique et renvoi aux Douze Tribus d'Israël. La désignation « apôtre » dérive du grec apostolos, littéralement « envoyé », « chargé de mission » (du verbe apostellō : « envoyer »).

Limbes

Terme qui vient du latin limbus et qui signifie « marge », « frange ». À partir du XIIIe siècle, le mot émerge dans la tradition théologique chrétienne pour indiquer deux lieux de l'au-delà : 1) le lieu de séjour (ou l'état) temporaire des âmes des justes qui, bien que purifiés du péché, ont été exclus de la vision béatifique jusqu'à l'ascension triomphante du Christ au ciel (limbus patrum : « le limbe de patriarches ») ; 2) le lieu de séjour (ou l'état) permanent des enfants (ou d'autres) non baptisés qui, mourant sans péché personnel grave, sont exclus de la vision béatifique à cause du péché originel seul (limbus infantium ou limbus pueroum : « le limbe des enfantes »). Par extension, dans le langage commun, ce mot est souvent utilisé au sens figuré pour indiquer une condition d'incertitude, pas bien définie, ou un état intermédiaire et flou.

Liminalité

Ce terme dérive du latin limen, qui signifie « seuil » (le seuil de la porte, l'entrée). Introduit pour la première fois par l'ethnologue français Arnold Van Gennep (Ludwigsburg, 1873 - Bourg-la-Reine, 1957) et ensuite développé par l'anthropologue écossais Victor Turner (Glasgow, 1920 - 1983), le concept de liminalité est utilisé en anthropologie pour indiquer la situation d'ambiguïté et de désorientation qui se produit dans la phase intermédiaire du rituel (en particulier, dans les rites de passage), lorsque les participants, ayant perdu leur ancien statut pré-rituel, n'ont pas encore atteint le statut nouveau déterminé par le rituel : « ils sont juste sur le seuil », c'est-à dire qu'ils se trouvent dans un état d'attente.

M-O
Mer de Galilée

Expression sémitisante pour indiquer le Lac de Tibériade, aussi connu dans l'Antiquité comme « Lac de Kinnereth », « les Eaux de Génésareth », etc. Le terme « mer » (en grec : thalassa) renvoie ici à l'hébreu yam (araméen : yamma), terme assez général, normalement utilisé pour désigner une grande quantité d'eau (lac, mer, océan, fleuve).

Nouveau Testament

Ou « Nouvelle Alliance » (en grec : Hē Kainē Diathēkē), le recueil des 27 écrits considérés normatifs par tous les chrétiens. Il comprend, dans l'ordre : les quatre évangiles, le livre des Actes des Apôtres, le Corpus Paulinum (y compris les deutéro-pauliniennes et les « Pastorales » ; pour un total de 14 lettres), les sept lettres dites « Catholiques » ; l'Apocalypse de Jean.

Oikos (ou oikia)

Le terme grec oikos, comme le terme latin domus (ou familia) et celui, hébreu, de beth, n'indiquent pas la « famille » au sens moderne du terme, mais reflètent plutôt le lien étroit entre un groupe social et son lieu de résidence, indépendamment des liens de parenté (consanguinité ou conjugalité). D'un point de vue anthropologique, on peut parler de household, à savoir un groupe de personnes qui, sous l'autorité du chef de ménage (housefather), vivent ensemble dans un même logement, en partageant le travail et les ressources.

P-R
Pécheur

Celui qui viole la loi de Dieu, ou s'oppose à sa volonté (littéralement, « celui qui commet un péché » ; du verbe latin peccare). L'association de Jésus avec le pécheurs (en grec : hamartoloi) a toujours créé de nombreux débats, surtout par rapport à l'identification des sujets appartenant à cette catégorie dans les évangiles. Aujourd'hui, cependant, les spécialistes du Nouveau Testament semblent de plus en plus enclins à les considérer comme de véritables transgresseurs, en les distinguent des pauvres ou des gens ordinaires (ceux qui en hébreu sont appelés : Am haaretz).

Publicain

Terme qui vient directement du latin publicanus (de publicum « trésor public »), désignation technique pour indiquer les hauts fonctionnaires de l'administration romaine chargés de la gestion des impôts. C'est pourquoi, au sens strict, ce mot n'est pas tout à fait approprié pour identifier les petits péagers locaux, dont parlent les évangiles (en grec telōnai ; terme composé a partir du mot telos, « impôt » et du verbe ōneisthai, « acheter »).

Rémission des péchés

C'est-à dire la délivrance (ou l'affranchissement) des péchés. Le terme rémission dérive du latin remissio (du verbe remittere) et correspond au grec aphesis (du verbe aphiemi : «renvoyer », « relâcher » ; « rejeter »), mot généralement employé pour indiquer l'annulation (ou la remise) d'une dette, d'une peine, mais également le pardon d'une faute.

Rester

Inséré entre deux verbes de mouvement, « entrer » (eiserchomai) et « sortir » (exerchomai), le mot « rester » (menō) indique clairement une permanence temporaire, bien que d'une certaine durée.

S-Z
Synagogue

Terme qui vient du grec sunagôgē et qui signifie « assemblée » (adaptation de l'hébreu beth-hakeneseth : « maison de réunion »). Il y a des débats sur la question du statut des synagogues dans la « Terre d'Israël » au temps de Jésus. Cependant, grâce à une inscription du Ier siècle provenant d'une synagogue de Jérusalem (l'inscription de Theodotos), les chercheurs sont aujourd'hui de plus en plus convaincus que des synagogues, en tant que bâtiments, existaient en Palestine déjà avant les années 70. On sait en plus qu'il s'agissait de bâtiments « polyvalents » où, à côté de la prière et de l'étude de la Torah, se déroulaient de nombreuses activités, non directement liées au culte (comme, par exemple, le service d'hospitalité pour les pèlerins et les voyageurs).

Synoptique

Qui peut être vu ensemble, d'un seul coup d'œil (du grec synoptikos). Les trois évangiles synoptiques présentent de nombreuses ressemblances du point de vue des contenus, de la forme, et de la structure même du récit. C'est à ce propos qu'on parle de « problème synoptique », l'une des questions les plus débattues par les spécialistes du Nouveau Testament.

Temple

On se réfère ici au Temple de Jérusalem, construit en 516 av. J-C., après la captivité de Babylone ; aussi connu comme le « Second Temple », car il remplace le « Premier Temple » (le « Temple de Salomon »), détruit en 586 av. J-C. par le roi Nabuchodonosor II. Pour les Juifs du temps de Jésus, il s'agit du lieu sacré par excellence.

Transfiguration

Avec ce terme on se réfère généralement à un épisode exceptionnel de la vie de Jésus, rapporté par les trois évangiles synoptiques. Dans cet épisode, Jésus dévoile sa « véritable » identité à trois des ses disciples, en changeant d'aspect devant leur yeux. Le mot français « transfiguration » dépend de la traduction latine du terme grec metamorphosis, littéralement « changement de forme ».

Yom ha-Kippourim

Expression en hébreu pour indiquer le « Jour des Expiations », autrement dit « Jour du Grand Pardon ») : une des principales solennités de l'année liturgique juive. Le rituel des sacrifices (avec notamment le rite du bouc émissaire) est décrit dans le livre du Lévitique au chapitre 16.

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