Controverses théologiques
a) Jean Chrysostome, dans la septième Homélie sur l'Égalité du Père et du Fils, prononcée en janvier 387, insiste sur la passion réelle de Jésus Christ contre un groupe de gnostiques et de docètes.
Alors que, parmi les récits des apôtres à son sujet, et parmi les siens propres, il y a tant de marques de son humilité et de son humanité, le démon s'est fait fort de persuader à certains hommes infortunés et misérables de nier la raison de l'économie, d'oser dire qu'il n'a pas pris chair, et de détruire ainsi tout le fondement de son amour pour l'homme ; s'il n'avait rien dit de cela, combien seraient tombés dans ce gouffre ? N'entends-tu pas Marcion nier l'économie et Mani et Valentin et beaucoup d'autres ? Si, à cause de cela, il laisse échapper beaucoup de paroles humaines et humbles et ne correspondant pas à cette essence ineffable, c'est pour mettre à la portée de la foi la raison de l'économie. Et, en effet, le diable met un acharnement extrême à détruire cette foi chez les hommes, sachant que s'il détruit la foi en l'économie, la plus grande partie des réalités qui nous concernent disparaîtront.
D'après Emmanuel Soler, Le sacré et le salut, p. 147.
b) Jean Chrysostome, lors de la fête des Martyrs, le 2 août, exhorte les fidèles chrétiens à honorer aussi les martyrs de langue syriaque dont les reliques se trouvent dans la campagne autour d'Antioche.
Comme je le disais en commençant, c'était hier le jour des martyrs, c'est aujourd'hui le jour des martyrs, non des martyrs qui nous appartiennent mais des martyrs de la campagne. Ou plutôt, ils nous appartiennent à nous aussi ; car la ville et la campagne se distinguent l'une de l'autre dans les affaires qui concernent la vie mais selon la piété révélée, elles sont en communion et se confondent. Ne t'arrête pas à leur langue barbare, mais tourne-toi vers leur pensée chrétienne. Que m'importe de partager la même langue lorsque les sentiments sont divisés ? Quel dommage y-a-t-il dans la diversité des langues, lorsqu'il y a unité dans les choses de la foi ? Selon ce raisonnement, la campagne n'est en rien inférieure à la ville ; en somme, elles possèdent un droit égal aux biens. C'est pourquoi notre Seigneur Jésus-Christ n'est pas resté dans les villes, mais il est allé vers les campagnes vides et isolées. Il parcourait les villes et les villages, prêchant l'Évangile et guérissant toutes sortes de maladies et toute infirmité. [...]
Dieu a planté des martyrs non seulement dans les villes mais aussi dans la campagne elle-même pour qu'à partir de l'établissement de ces fêtes nous ayons une raison nécessaire de nous mettre en relation les uns avec les autres. Il a même accordé à la campagne plus de martyrs qu'à la ville. Il a donné à la campagne qui est derrière la ville la dignité la plus considérable. En effet, la campagne est la partie la plus faible ; c'est pourquoi, elle a été traitée avec plus de sollicitude. Les habitants des villes jouissent d'un enseignement sans relâche mais les habitants de la campagne ne partagent pas une telle richesse. Dieu, consolant leur manque de prédicateurs par l'abondance de martyrs, établit qu'un plus grand nombre de martyrs fût enseveli chez eux. Sans doute, ils n'entendent pas continuellement la parole des maîtres, mais ils entendent la voix plus puissante des martyrs, qui s'élève de leurs tombeaux vers eux ».
c) Jean Chrysostome observe que Daphné devient comme une réplique du Mont des Oliviers qui se trouve devant Jérusalem, après avoir été un temple pour les divinités païennes
Maintenant Daphné est charmante et chère à Dieu, nous seulement parce qu'elle laisse s'écouler les sources les plus limpides, parce qu'elle nourrit les plus gracieuses chevelures d'arbres, mais parce qu'elle a donné asile à un arbre étranger, à l'arbre de la croix : maintenant elle est vraiment une source sage et redoutable au démon pythien. Elle ne déploie plus largement son sol sous les pieds d'hommes impies, mais c'est à votre piété qu'elle fournit son bois sacré, image de ce lieu que l'on regrette, du jardin, veux-je dire, où la trahison du Sauveur a été osée, où a été planté ce qui a été entrepris pour notre salut.
D'après Emmanuel Soler, Le sacré et le salut, p. 180.